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Marie et les agapanthes

15 décembre 2022

Un teckel pour Cracovie ( suite et fin )

 

     Dehors il fait vraiment froid et le paysage est saupoudré d'une fine couche de sucre glace qui lui donne l'aspect d'une carte de Noël. Je suis au chaud , devant mon ordinateur en proie au doute le plus existentiel qui soit et qui se fait de plus en plus lancinant : continuer ce blog ou pas. Je me rends bien compte de la désaffection qu'il suscite et cela me décourage un tant soit peu. Comme le formule si bien Philippe du blog Gris-Bleu, "Lorsque le public quitte le théâtre, le comédien n'a plus guère de raison de rester sur scène". J'avoue avoir été tentée de laisser tomber la fin de mon histoire de teckels qui semble n'avoir pas déchaîné les passions et puis je me suis dit que je devais bien la suite et fin à tous ceux qui m'avaient gentiment laissé un commentaire, à tous ceux qui avaient apprécié cette balade à Cracovie, dans ce pays finalement peu connu des Français. Ce billet sera peut-être un peu décousu, reflet de mon état d'esprit actuel mais tant pis.  Aujourd'hui j'ai envie de vous parler d'art et puis aussi de campagne et bien sûr de teckels et peut-être même de Noël mais toujours avec cette envie de partager mes émotions, mes ressentis, mes coups de coeur et en espérant que vous prendrez plaisir à me lire.....

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J'aime les maisons d'artistes et d'écrivains pour le petit supplément d'âme qu'elles dégagent. Pour le bien-être qui m'envahit lorsque je les découvre, pour la beauté des lieux souvent ornés d'oeuvres d'art témoins de leur temps, pour la communion que je ressens souvent avec celui ou celle qui y a vécu. J'ai ainsi le souvenir un brin magique de la maison de Karen Blixen au Danemark, de la demeure de George Sand dans le Berry, de celles de Colette, Monet, Willliam Morris, Beatrix Potter ou d'autres et par dessus tout de celle de mon écrivain fétiche Pierre Loti avec qui l'osmose est totale et parfaite.

  Celle de Jozef Mehoffer n'avait droit qu'à quelques lignes à peine dans mon guide de Cracovie mais la visite fut à la hauteur de ce que j'attendais. Un havre de paix et de verdure en plein coeur de la ville, un endroit chaleureux , une ambiance intimiste et surtout une rencontre avec le premier d'une longue série de peintres Polonais. 

 Avertissement avant de poursuivre la lecture de ce billet : je m'excuse à l'avance de la piètre qualité de bon nombre de mes photos, j'ai même du en emprunter certaines sur internet. Je n'avais que mon portable qui fait des photos floues dès lors qu'elles sont à l'intérieur et j'ai donc assez peu d'images des lieux qui vont suivre. Il vous faudra aller sur place pour en découvrir davantage. 

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Les planchers craquent, la lumière est sourde, on s'attarde sur les tableaux, les fresques et les vitraux de cet artiste qui a obtenu en 1925 la médaille d'or de l'Exposition des arts décoratifs à Paris . 

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                                                          Vita Somnium Breve : La vie ne serait-elle qu'un court rêve ?

A la suite de cette visite tout s'est naturellement et logiquement enchainé. La maison de Jozef Mehoffer ne fut que le premier acte d'un parcours artistique qui mena tout d'abord au Musée National de Cracovie. Il faut passer passer outre l'aspect rebutant de cette batisse triste , héritage direct des années où l'architecture soviétique a revêtu quartiers et villes des pays de l'Est d'un uniforme gris et peu engageant. Le personnel du musée semble avoir lui aussi hérité de cette sinistrose et se montre particulièrement froid avec les visiteurs ce qui n'est pas le cas partout ailleurs. 

Pour une personne qui se targue d'être amateur d'art sous toutes ses formes, la visite du musée m'a bien vite permis de me rendre compte que je n'avais aucune connaissance sur l'art polonais. Dans la galerie dédiée aux peintres du 20ème siècle et aux artistes du mouvement Jeune Pologne, aucun nom ne me disait quelque chose. J'ai tour à tour découvert Olga Boznanska et sa fille aux chrysanthèmes, Zofia Stryjenska, Leopod Gottlieb, les paysages de Ferdinand Ruscsyk, la femme à la chevelure rousse de Wladyslaw Slewinski, la petite Hélène du grand Stanislas Wypianski et tant d'autres. Des oeuvres qui mériteraient largement une exposition en France afin qu'elles soient appréciées chez nous à leur juste valeur. 

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Dans bon nombre de ces tableaux j'ai retrouvé ce que j'aime chez les peintre Scandinaves et dont ces artistes Polonais me semblent assez proches, cette nature sauvage et omniprésente, des teintes bleutées, des portraits de femmes et d'enfant si émouvants. 

"L'art n'a pas de but, il se suffit à lui même, il est l'absolu car il est un miroir absolu de l'âme". "Un artiste n'est régi par aucune loi et aucun pouvoir humain ne saurait le limiter." Stanislas Przybyszewski

Bon à savoir :1 Si vous êtes plus attirés par les peintres de la Renaissance Italienne , se rendre au Musée des Princes Czartoryski pour y admirer "La dame à l'hermine " de Léonard de Vinci. 2 Beaucoup de tableaux à admirer également lors de la visite de la maison Hippolit sur le Rynek . 3. Pour d'autres styles de peintures, Cracovie héberge encore beaucoup d'autres musées que je ne suis pas allée voir.

L'acte suivant du parcours artistique fut la très intéressante visite de l'atelier- musée du vitrail. Plus vieil atelier de Pologne, fondé en 1902 et dont les productions ornent des édifices religieux un peu partout en Europe. On voit tout, du choix des couleurs à la découpe, du patronnage à la coupe et au montage, de l'encadrement à la peinture des visages en employant la technique de la patine pour finir par la cuisson. Juste une petite chose à savoir : pour la réalisation d'un visage il faut au strict minimum 7 couches de patines, parfois le double et entre chaque couche 12 heures de cuisson. Calculez........sans commentaire. 

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Très vite lorsqu'on est à Cracovie, on se rend compte que l'art du vitrail y est omniprésent, on peut même suivre un parcours des différents vitraux de la ville, ceux que l'on trouve, hormis églises et basiliques, au détour d'une rue illuminés à la nuit tombée, dans une banque, un café ou une compagnie d'assurance. Ceux de Jozef Mehoffer s'admirent dans la Chapelle de la Sainte Croix de la Cathédrale du Wavel . Et puis surtout ne pas oublier de se rendre à la très belle Basilique des Franciscains dont la voûté étoilée  s'offre telle un ciel nocturne et  dont les murs sont ornés de fresques florales très Art Nouveau, un mouvement artistique à  l'instar du mouvement Arts and Crafts en Angleterre que j'ai toujours beaucoup aimé.

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Changement de décor, sans transition et comme annoncé au début du billet, je vous emmène à la campagne. Pas très loin de Cracovie, une trentaine de kilomètres suffisent déjà à être dépaysé. Concocter un petit circuit d'une journée dans ce que l'on nomme le Jura Polonais. On traverse le parc naturel d'Ojcow pour aller visiter le château de Pieskowa Skala ( beaux tableaux, beaux costumes )en face du rocher  surnommé fort à propos La massue d'Hercule . Puis ce sont des forêts majestueuses aux couleurs automnales. On traque à tour de rôle, les maisons anciennes en bois, les églises typiques comme l' église en bois de Paczoltowice , les nids d'aigle, ces forteresses édifiées dans des temps anciens par le roi Casimir - par exemple le château de Rabstyn ou celui de Tencsyn - et on s'étonne de trouver une mer de sable - désert de Bledowska - en plein milieu de cette région très boisée. Les villages ont un petit côté désuet et on se sent très vite loin du monde moderne, dans une Pologne plus ancienne où la vie s'écoule le plus calmement qui soit.

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 Après la lecture de mes deux billets , vous aurez probablement compris que d'une part j'ai vraiment apprécié ce séjour Polonais, d'autre part, qu'au fond de ma tête, me titille l'idée que peut-être, éventuellement, qui sait, je pourrais un jour y retourner pour en voir plus, mais là rien n'est moins sûr tant j'ai d'autres endroits à aller voir.

Le voyage prenant fin ici je veux boucler la boucle et revenir à mon point de départ : les teckels.  J'étais venue à Cracovie à cause d'un film mettant en scène l'un d'entre deux et je l'avais presque oublié lorsque le quatrième jour de mon séjour, j'ai vu en vitrine des teckels en céramique. J'ai ri et pensé "  Le voilà mon teckel ! ". J'ai beaucoup moins ri le lendemain matin  lors de la visite d'une maison bourgeoise du dix-neuvième, lorsque j'ai vu un tout petit teckel lui aussi en céramique, dressé sur ses pattes arrière qui me regardait d'un air malicieux. J'ai carrément été estomaquée lorsqu'à peine quelques minutes plus tard je suis tombée en arrêt devant le panneau  ci-dessous. Pendant une fraction de seconde j'ai  presque pris peur et me suis demandé ce que cela signifiait. Etais-je à mon insu victime d'une sorte de conspiration canine ? 

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Heureusement qu'il y a ce truc qui s'appelle internet et que partout dans le monde, à  la condition d'avoir du réseau, en quelques clics on a réponse à tout ou presque. J'ai tapé teckel + Cracovie et j'ai trouvé. Le teckel était un chien très prisé à la cour des rois Polonais car il chassait blaireaux et lapins. Mais plus encore :  la Pologne est  un pays emblématique pour tout amoureux de teckel qui se respecte car chaque année depuis 1994 est organisée à Cracovie, cela ne s'invente pas, la Grande Parade des Teckels ou Dachshund Parade rassemblant des centaines de " chiens-saucisses" du monde entier dont certains portent des costumes originaux et à l'issue de laquelle des prix sont décernés. En voici pour preuve ce documentaire.

 

De retour en France, et forte de ces nouvelles connaissances, je pensais que mon histoire s'arrêterait là. Que nenni ! Depuis je vois des teckels partout, aux endroits les plus incongrus, là où je ne les attends pas. Ils me regardent à chaque fois de leur oeil goguenard histoire de me déstabiliser encore un peu plus. Dernier en date: lorsque j'ai ouvert l'un de mes magazines préférés, Nordique Living, ils étaient là, et s'affichaient en pleine page en forme de sablés de Noël . Je n'ai fait ni une ni deux, pour exorciser cette histoire, j'ai immédiatement commandé l'emporte-pièce teckel ( site Bredele ).   Et aujourd'hui je vous propose de croquer à belles dents dans mes sablés teckels de Noël ! 

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 Au final, j'en suis venue à aimer ce petit chien que je trouvais jusqu'alors fort ridicule , ne serait-ce que parce que c'est grâce à lui que j'ai découvert Cracovie. Alors, à vous aussi, je souhaite un jour de visiter cette très jolie ville, avec ou sans teckel....

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Vous retrouverai-je en 2023 ? Je ne le sais pas encore mais quoiqu'il arrive je souhaite à vous tous mes chers lecteurs et lectrices de passer de très belles fêtes de fin d'année !

 

                                                  Je vous embrasse chaleureusement

                                                           Marie*

PS : Information de dernière minute.  Mon amie d'enfance Monesille, m'a envoyé un lien vers un article de Géo dans lequel on apprend que des ossements de teckels ont été retrouvés lors des fouilles du Colisée à Rome. Je cite

" Dans les égouts vieux de deux millénaires sous le Colisée, des archéologues ont déniché de courts os de "chiens saucisses. Ils suggèrent ainsi que ces animaux auraient pu être mis en scène ou avoir combattu dans l'arène, dans les illustres jeux romains antiques dont le spectacle était la mort."

Peut-être devrais-je songer sérieusement à rédiger une thèse sur les teckels ? 🤔

 

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16 novembre 2022

Un teckel pour Cracovie ( Première partie )

Tout a commencé avec un teckel. Non plutôt, tout a commencé avec une histoire de teckel. En fait tout a commencé avec une histoire un peu niaise dans laquelle il y avait des teckels. Vous me suivez ? Non alors laissez moi reprendre depuis le début. Fin août, les vacances sont finies et c'est le moment de reprendre le travail. (Gros soupir ) On sait qu'on va pouvoir encore profiter de beau temps et de journées assez longues jusqu'à la fin du mois d'octobre, date à laquelle on entrera dans une interminable série de mois tristes et sombres, perspective peu agréable pour moi. Alors on se dit : partir en octobre, juste avant, ne serait-ce pas une bonne idée ? 

Je voulais aller à Rome la cité éternelle et vivre la Dolce Vita. J'ai pianoté sur mon clavier à la recherche de ce que je n'ai pas trouvé : un logement pas loin du centre, bien et pas cher. J'ai fait chou blanc ( si vous avez une adresse pour une autre fois je suis preneuse ). J'étais passablement dépitée lorsque je me suis subitement rappelé un film que j'avais vu deux ou trois mois auparavant. Une comédie un brin loufoque, romantique, un peu bébête, le genre de film que l'on ne se vante guère de regarder. Car voyez-vous j'ai beau proner le film intelligent, le documentaire, l' émissions culturelle, je me repais parfois de bluettes sentimentales, de films dont la niaiserie n'est pas à démontrer. J'en arrive enfin à mon histoire de teckels . Il y avait dans cette comédie une jeune femme phobique des teckels et un homme passionné de teckels. Vous devinez la fin de l'histoire ? Mais là n'est pas le plus important.  Cela se passait à Cracovie et à l'époque je m'étais fait la réflexion que c'était une belle ville. Exit Rome, j'ai tapé Cracovie sur mon ordi. Là, oh joie, je me suis rendue compte que pour une nuit et demi à Rome, je pouvais en avoir cinq à Cracovie ! Cinq minutes plus tard j'avais réservé ce qui s'est avéré être une perle rare : un studio refait à neuf, très bien équipé, dont la propriétaire est aux petits soins pour vous, à quinze minutes à pied du centre-ville. Que demander de plus ? Si on ajoute à cela un billet d'avion à prix mini car pris longtemps à l'avance, ce séjour s'anonçait sous les meilleurs auspices qui soient !

 Pour ceux qui voudraient , malgré tout le mal que j'en ai dit , voir le film en voici la bande annonce ( visible sur Netflix )

La ville a été à la hauteur de mes espérances. Découvert sous un beau soleil d'automne, le coeur historique a offert la beauté de ses majestueux bâtiments  enchassés dans un écrin de verdure qui les ceinture, les " Planty", qui n'est autre qu'un parc agréable où l'on flâne sans se presser. 

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Tous les pas conduisent au Rynek, cette place immense de 4 hectares de superficie flanquée d'un beffroi, ceinturée de hautes demeures, agrémentée d'une église et d'une halle aux drapiers en son centre. Cracovie, l'ancienne capitale des rois de Pologne,  mérite amplement son classement au Patrimoine mondial culturel et naturel de l'Unesco. Magnifique vaisseau de pierre, elle arbore fièrement les traces de son passé royal, une ville sédimentée d'art et d'histoire. 

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A savoir : Tradition bien sympathique que celle du "Hejnal". Chaque heure un trompettiste joue quelques notes du haut du plus haut clocher de l'église Notre Dame. Ce rituel, hérité du Moyen- Age, s'effectue sur les quatre points cardinaux. La mélodie s'interrompt brusquement en souvenir d'un guetteur au 16ème siècle dont le signal fut interrompu par une flèche Tatar qui lui transperça la gorge. A la fin de la mélodie, le trompettiste salue la foule. Ce signal est retransmis chaque jour en direct à la radio polonaise.

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Le Rynek est le coeur de la vie Cracovienne. On y prend un verre en terrasse en se dorant au soleil. On  flâne devant les étals des fleuristes et on craque presque pour une couronne de fleurs( artificielles) pour petite fille.  C 'est le cadre idéal pour les photos de mariage et l'endroit parfait pour dénoncer vivement la guerre en Ukraine toute proche.  On admire les chevaux ornés de pompons des calèches ( Je ne peux toutefois m'empêcher de me poser des questions sur le bien-être animal de ces chevaux que l'on emploie à promener des visiteurs du soir au matin dans toutes les villes touristiques de la planète ??? ) qui trottent allègrement sur le pavé de rues dont le nom  seul est une incitation au voyage et nous est souvent imprononçable. Plac Wszystkich Swietych, rue Grodska, rue Slawkowska, rue Szczepanska, rue Kanonicza....... Le chuintement de la langue polonaise ne nous offre guère de points de repères et je me suis pour la première fois, depuis longtemps sentie réellement, en pays étranger, un peu frustrée de ne pouvoir communiquer, mes connaissances en russe que je pensais utiles ne m'ayant pas servi.

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Cinq journées n'ont pas été de trop pour tenter de découvrir les trésors de Cracovie tant il y a profusion  de belles demeures, d' églises, de basiliques, de palais, de musées .  Extraire de mon florilège personnel seulement quelques morceaux choisis a été ardu et complètement subjectif. Les murs des  anciennes fortifications  qui servent d'accrochage pour les peintres locaux, la façade d'un édifice religieux parmi tant d'autres ( mais elle était si jolie baignée de soleil ), le portrait de la célébrité locale Jean-Paul II qui s'affiche en grand ( et surtout sur les cartes postales et les souvenirs ), une porte juste parce qu'elle était bien originale,  la cour du Collegium Maius  université du XIV ème siècle. Pour le reste, il vous faudra aller voir sur place. 

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Bon à savoir : Le jardin du souvenir qui jouxte l'université en mémoire des 183 professeurs arrêtés en 1939 par les Nazis et dont certains périrent lors de leur internement dans des conditions difficiles. Pas très loin dans le quartier, la croix en mémoire du massacre de Katyn au cours duquel des milliers de Polonais essentiellement des officiers de l'armée ainsi que des étudiants, des ingénieurs, des médecins... furent exécutés par les soviétiques. La Pologne est indéniablement un pays qui a énormément souffert au cours de son histoire tourmentée.

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Comme elle était belle cette lumière d'automne sur la colline du Wavel avec son château et la cathédrale ! Encore un endroit paisible pour promeneur cherchant le calme. Tout aussi belle en était la vue du bateau  sur la Vistule  en assurant la visite " by night ".

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Lorsqu'on quitte la vieille ville et que l'on dirige vers le sud, on arrive à Kazimierz, l'ancien quartier juif de la ville. Entre 60 et 80 000 personnes avant la guerre, quelques centaines aujourd'hui, les chiffres sont éloquents. Le quartier a visiblement beaucoup changé entre temps pour devenir le coin  le plus branché de la capitale avec boutiques, cafés et restaurants. 

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De quel pillage ce chandelier à 7 branches trouvé au marché aux puces peut-il bien provenir ? De quelles exactions a-t'il été le témoin ?

Il faut au moins aller visiter l'une des sept synagogues du quartier et faire un tour au petit cimetière du Remu'h où le temps semble suspendu, puis se perdre entre rues et places, à l'heure du déjeuner acheter un Zapiekanki, grande tartine bien garnie, à l'un des petits kiosques de la Plac Nowy, prendre un verre au café Singer le bien nommé, où chaque table est un piètement de machine à coudre - avec machine, pour finalement goûter à la cuisine juive dans l'un de ses nombreux restaurants, l'Ariel par exemple qui se veut également galerie de peinture.

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Oserais-je une mention spéciale pour les toilettes publiques de la Plac Nowy avec leur décor si kitch mais finalement bien sympathique ?

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 De l'autre côté du si joli pont aux gymnastes, on pénètre dans l'infamant souvenir du ghetto de Podgorze. C'est le coeur serré que l'on arpente cette poignée de rues où des milliers de personnes furent entassées avant d'être exterminées. Une fraction du mur seulement subsiste, lieu de recueillement, d'émotion intense tout comme la visite de la pharmacie de Tadeusz Pankiewicz qui tenta d'aider au mieux les habitants du ghetto, pharmacie que l'on voit dans le film " La liste de Schindler." Sur la place, 68 chaises en souvenir de ceux qui ne revinrent jamais. Des chaises pour symbole de tous les biens et effets personnels que les juifs durent abandonner derrière eux. La place des chaises vides, la place de la honte, honte pour notre humanité qui est capable de telles horreurs, horreurs qui n'ont cesse de se reproduire car l'homme n'apprend jamais de son histoire semble-t'il. Je ne suis pas allée à la fabrique d'Oskar Schindler toute proche par manque de temps mais j'imagine qu'elle complète bien la visite de ce lieu chargé de douleur. Je ne me suis pas rendue non plus au camp d'Auschwitz pas très loin de Cracovie mais à dessein, je ne m'en sentais vraiment pas la force.  

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 Nul besoin de se presser à Cracovie, la découverte de la ville est une déambulation tranquille où chaque instant se savoure avec lenteur. Les visiteurs ne s'y trompent  pas et l'on ne retrouve nulle part l'effervescence et l'agitation commune aux temples du tourisme ( je pense par exemple à Barcelone ). C'est donc à mon rythme que j'ai vécu ces vacances en prenant vraiment le temps d'admirer, de contempler, de m'interroger, d'apprendre, de vivre. Une longue balade ponctuée de pauses fréquentes. A Cracovie on se restaure à toute heure de la journée et l'éventail de choix est immense. Dans la rue, il faut impérativement goûter à la spécialité de la ville : les Obwarzanek ces petits pains en forme d'anneau genre bretzel qui sont vendus par des personnes agées à chaque coin de rue au prix de trois zlotys, l'équivalent de vingt centimes d'euro. Et si on n'a pas peur pour sa ligne, essayer un Paczek, gros beignet fourré aux fruits.

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Pour les repas chaque porte poussée, que ce soit café ou restaurant, a été une bonne surprise. Avec par exemple dans l'ordre des photos: le Gospoda Koko dans Golebia  puis le Magia café bar sur le Rynek, aux ambiances chaleureuses . On s'y sent " comme à la maison", en toute décontraction. Carte simple et traditionnelle pour le premier, plus moderne pour le deuxième. C'est l'Antre de Michalik, rue Florianska, qu'il faut choisir  pour boire un thé et déguster un délicieux gâteau aux pommes et à la cannelle appelé szarlotka en toute quiétude, sous des vitraux Art Déco. Fondé en 1895, son atmosphère intimiste est très reposante  On va au café Hevre dans Boziego Ciala pour admirer les somptueuses et très vieilles fresques qui donnent un côté hors du temps au lieu. J'y ai seulement pris un verre mais j'ai vu qu'ils servaient des brunchs toute la matinée.  Autre adresse intéressante pour un repas traditionnel polonais  dans une ambiance campagnarde : pousser la porte de l'Académie des sciences rue Slawkowska, aller au bout du couloir, sortir dans la cour, descendre quelques marches, et on se retrouve en sous-sol chez U Babci Maliny. 

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Vous aurais-je mis l'eau à la bouche ? Vous aurais-je par la même occasion concaincu que Cracovie est une belle ville qui mérite le déplacement ? Si c'est le cas, et je l'espère, je vous invite à revenir par ici dans quelques jours lire la suite et fin de ce billet déjà bien long et que je ne saurais allonger davantage de peur de vous lasser. Dans le prochain il sera question d'art, de vitraux, de campagne  mais aussi vous aurez le fin mot de mon histoire de teckel, car voyez-vous elle a une conclusion. 😁 A suivre donc .........

A très bientôt

Marie *

23 octobre 2022

Les couleurs de Barcelone

( Suite du billet : My bucket list et Barcelone )

     Vives, chatoyantes, éclatantes, brillantes, bariolées, diaprées, flamboyantes, éblouissantes, les couleurs se Barcelone se déclinent sur tous les modes, céruléen, céladon, rubigineux, moiré, irisé ou opalin. Elle s'exhibent dans les vitrines des boutiques, les étals des marchés et sur les tenues des barcelonaises, s'affichent sur les fresques murales et les murs des palais, se décomposent pour mieux se rassembler dans les mosaïques et le trencadis. Je ne les attendais pas, elles m'ont éblouie.

 Au Palau de la musica catalana, joyau du modernisme et symbole de l'identité catalane du début du vingtième siècle, on gravit les marches du majestueux escalier, les yeux rivés aux piliers jaunes dont la transparence laisse entrevoir une tige en acier fileté, coeur de l'édifice qui pulse au gré des manifestations qu'il propose en son sein.

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Plus haut, il sont happés par la-  oh, combien merveilleuse- coupole renversée qui s'offre en myriade de petits morceaux de verre polychrome et dont ils ont du mal à se détacher.

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Ils se promènent enfin sur les fresques et céramiques murales aux motifs floraux et s'attardent sur les vitraux de la grande salle baignée de lumière qui donne sur le balcon.

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Ravissement, extase sur le balcon aux piliers fleuris ! Mais si seulement vous saviez la difficulté que j'ai eue à prendre des photos sans qu'aucune personne n'y apparaisse ! J'ai pesté, râlé - intérieurement cela va de soi - me suis offusquée à  la vue de ces touristes  accrochés à leur perche à selfie se prenant en photo- combien de fois ? 10 ? 20 ? - devant les piliers sans jamais leur accorder l'once d'un regard ! Quel narcissisme ! et aussi quelle prétention de croire que sa modeste personne est plus importante qu' une oeuvre d'art  !

A cet instant précis, combien j'aurais aimé être seule sur ce balcon et pouvoir me nourrir sereinement de toute la beauté de ce" jardin où la nuit ne tombe jamais " ( mots de l'architecte du palais ) .

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 Mon immense coup de coeur fut pour la Casa Battlo. J'ai tout de suite été séduite par sa façade aux lignes ondulantes ponctuées de médaillons qui lui donnent  vie en créant un effet de mouvement. Les reflets du soleil jouent avec les  morceaux de verre multicolores déclinés en teintes bleutées, vertes et ocres qui forment une immense toile impressionniste. On n' est pas loin des Nymphéas de Monet. Le toit ressemble plus à un chapeau d'arlequin qu'à un toit conventionnel et laisse à penser que la maison toute entière sort d'un conte de fées.  Quant aux balcons !  On peut les aimer ou les détester mais on ne peut que constater leur apparence pour le moins originale.

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J'ai bien du passer deux heures à me promener de pièce en pièce, plongeant mon regard dans le bleu intense du puits de lumière au centre de la maison, rentrant dans l'intimité de la famille Battlo au début du vingtième siècle avec leur salon aux murs sinueux ornés de feuilles d'or , admirant au passage la curieuse cheminée en forme de champignon dodu du bureau. Je me suis surtout émerveillée devant les vitraux colorés des fenêtres qui s'avancent au dessus du Passeig de Gracia sans doute la plus prestigieuse artère barcelonaise ainsi que les vitraux qui ornent le haut des portes d'accès du salon , les transformant en véritables petits bijoux et dont les lignes alliées aux teintes mordorées m'ont fait penser aux oeuvres de Gustav Klimt. Bien au delà d'une simple maison, c'est d'un bijou, d'une oeuvre d'art qu'il s'agit et dont l'artiste n'est autre que le très original Antoni Gaudi.  La dernière photo n'est pas de moi, il y avait tant de visiteurs qu'il m'a été impossible de faire des visions d'ensemble convenables.

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La Casa Battlo est une parfaite illustration du modernisme catalan qui est l'équivalent de ce que nous nommons Art Nouveau qui fit fureur au début du vingtième siècle en mettant à l'honneur une ornementation riche principalement constitué de motifs directement inspirés de la nature. Chez Gaudi cet art prend une dimension avant-gardiste avec les revêtements aux couleurs vives du trencadis qui transmettent beaucoup de dynamisme allié à de la fantaisie. Le trencadis, ce sont ces petits morceaux de céramique ou de verre coloré disposés sur du mortier, l'une des techniques préférée de Gaudi et que l'on retrouve sur la terrasse ou sur le toit terrasse.

Le plaisir du jour fut de prendre un verre de pina colada sous ces curieuses cheminées dont la forme évoque pour moi une bande de lutins facétieux et tout près du faitage du toit qui fait penser au dos d'un dinosaure ou d'un gros animal marin.  

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 Enthousiasmée par ce premier contact réussi avec Gaudi, j'ai le lendemain poursuivi  avec la visite du parc Guell plus au nord de la ville. Cela ne devait pas être un parc à l'origine mais une cité jardin idéale , un lotissement d'une quarantaine de maisons loin du vieux Barcelone coincé dans ses remparts. Tout fut pensé et conçu pour cet but : l'aqueduc pour acheminer l'eau, l'emplacement du marché à l'ombre sous la grande terrasse bordée de bancs, la conciergerie, la maison témoin.... mais les bourgeois de Barcelone ne voulant pas être associés aux symboles indépendantistes - comme le dragon de Sant Jorge- représentés dans le parc, par peur de représailles de la part du roi, ont boudé le projet préférant s'installer ailleurs, dans des quartiers aussi plus accessibles. Deux maisons seulement furent construites, le projet abandonné et le parc rendu au public.

Impossible pour moi de faire le tour de ce parc, la chaleur était écrasante et il y avait beaucoup trop de monde. Je n'y suis pas restée assez longtemps pour en apprécier chaque recoin. Je suis néanmoins tombée sous le charme de la conciergerie  avec sa cheminée en forme d'amanite phalloïde directement sortie du conte de fées Hansel et Gretel,  de la maison de l'administration avec son sémaphore bleu et blanc, des murs de l'entrée, des médaillons et des bancs sineux de la place du marché avec leur revêtement en trencadis.

Ecolo avant l'heure ? Finalement l'art du trencadis n'est autre que l' art de la récupération, de la réutilisation, du recyclage, de la sublimation de matériaux ordinaires en choses extraordinaires.

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Mettant mes pas dans ceux de Gaudi qui descendait tous les jours à pied de sa maison dans le parc Guell vers le chantier de la Sagrada Familia  je suis partie, à pied moi aussi,  découvrir l'oeuvre de sa vie, celle que tout le monde connaît. Là, je vais en décevoir plus d'un : je n'ai pas aimé. Je n'ai pas accroché du tout à ce gigantesque édifice toujours en construction. Certes, les vitraux sont beaux, certes l'art de Gaudi y est paroxystique, mais je me suis sentie perdue et pas du tout émue dans cet immense espace.  J'ai eu la sensation d'être surveillée par ces espèces de gros yeux posés en haut de piliers faisant office de miradors. Je leur ai préféré cent fois les très originaux et mignons champignons cheminées sur le toit du palais Guell dans le quartier du Raval qui fut ma dernière visite avant de quitter la ville.

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 Barcelone valait  bien des tapas ( voir billet précédent ) et la ville est arrivée à me charmer en trois petites journées à peine. Je n'ai pu m'empêcher, moi qui aime les teintes plus sourdes, plus neutres, de  vouloir m'approprier  un peu de cette flamboyance, de cette exhubérance colorée  en rapportant dans mes bagages :

- un éventail peint à la main pour m'éventer en cas de fortes chaleurs. Il risque pas mal servir dans les années à venir si les étés sont aussi chauds que le dernier. 

 - Une paire de ballerines de la marque Kokua, marque barcelonaise et dont l'éventail de couleurs est tout simplement incroyable.

-  Des aimants trencadis pour le souvenir de Gaudi.

- Pour finir, une paire de boucles d'oreilles pour me rappeler les pavés de Barcelone.

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Bien à vous, 

M A R I E *

 

12 octobre 2022

Ma "bucket list" et Barcelone

          Sans doute en ce mois d'octobre vous attendez-vous à un billet automnal, un de ceux qui fleure bon les sous-bois, met à l'honneur champignons, courges et chataignes, s'emmitoufle dans un grand  pull douillet et se savoure au coin d'un feu ou à la lueur des bougies, une boisson chaude dans les mains ? 

Que nenni !  Près de deux mois après ma dernière publication  je vous propose un retour en arrière, début août, pour une destination éclatante de soleil et de lumière : BARCELONE

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Christophe Colomb  montre la direction à prendre, l'animation des ramblas le soir, le bord de mer à la nuit tombée, et les emblématiques "panots" de la fleur , pavés symboles d'esthétisme et de modernisme et dont les sillons retiennent l'eau pour éviter de glisser.

Peut-être avez-vous comme moi une "Bucket List "? Vous savez, la liste de tout ce qu'on voudrait faire avant de " Kick the bucket ", expression anglaise très imagée qui est l'équivalent de  notre" Passer l'arme à gauche ". La mienne de liste, commencée il ya trois ans à peine,  s'allonge au fil du temps et comporte des choses très diverses comme par exemple : confectionner un gâteau Opéra , visiter Ellis Island dans le port de New-York, voir une aurore boréale, manger un chou des Dunes Blanches ( clin d'oeil à quelqu'un qui se reconnaîtra ), visiter le musée dédié au peintre Norman Rockwell à Stockbridge aux USA, m'investir dans une association caritative, prendre une photo du Taj Mahal façon Lady Diana, faire une balade en traineau tiré par des chiens,  écrire un roman, visiter Pompei, boire un thé au café Pouchkine à Paris, me baigner dans une source chaude en Islande, faire un test comparatif des croissants vendus dans les boulangeries d'une ville ( si, si , je vous jure, cette idée me taraude depuis des années. ) et j'en passe car ma liste est vraiment  très très longue !

De cette liste j'ai accompli si peu : parrainer un enfant du Tiers-Monde ( une petite fille au Laos ), faire un stage de pâtisserie, voir un ballet à l'Opera de Paris, prendre un petit déjeuner chez Angelina à Paris, prendre un cours de danse Bollywood et c'est tout .

Est-ce la situation actuelle qui l'a provoqué ? Crise climatique, guerre en Ukraine, crise du Covid, flambée des prix. Est-ce tout simplement le temps qui file si vite, se fait chiche, les années qui s'enchainent et disparaissent à tout jamais, la perte d'êtres chers, notre environnement qui se transforme, ce que nous tenions pour acquis qui se fait sable mouvant pour mieux nous engloutir, la conscience de notre vulnérabillité extrême et du fait que tout peut basculer d'un seul coup. Jamais de ma vie je n'avais ressenti une telle urgence à faire ce que je n'avais jusqu'alors pas pu faire mais toujours souhaité.

Sur ma liste il y avait inscrit : MANGER DES TAPAS A BARCELONE 

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Chorizo " al diablo " et sangria dans le quartier de la Barceloneta avec fiston numéro 2 lequel avait fort opportunément loué un appartement en plein centre-ville.

Barcelone et moi c'est une histoire de rendez-vous ratés. Trente ans au moins que je souhaite m'y rendre et que chaque fois quelque chose ne fonctionne pas.  Et pourtant, à priori l'Espagne ne m'attire pas du tout. Je n'en pratique pas la langue, je n'aime ni les fortes chaleurs ni les paysages arides et l'art et la littérature hispanique me laissent de marbre . Seule exception à ce désintérêt culturel flagrant :  le flamenco  que j'aime et pratique ( un tout petit peu ) depuis les spectacles d' Antonio Gadès dans les années 80 . 

 

 Malgré tout, je voulais voir Barcelone sans doute parce qu'on m'en avait tant vanté les charmes. Une impulsion, un billet de bus, et je me retrouvais enfin dans la capitale Catalane.

Certes, je m'attendais à voir du monde mais pas cette foule grouillante, vibrionnante et souvent braillarde qui envahissait le moindre recoin de la ville. Alors j'ai inventé un jeu : la fuir. J'ai traqué la ruelle ombreuse et quasi-déserte, j'ai souvent changé de chemin,  je me suis volontairement perdue laissant mes pas aller là où ils voulaient bien me mener. J'ai trouvé la fraicheur nécessaire pour survivre à la chaleur imposée par un soleil aux rayons trempés dans l'acier brûlant et cela a plutôt bien fonctionné. Toujours Barcelone m'a offert l'ombre des arbres qui y poussent un peu partout et celles de ses hauts murs de pierre. J'ai donc fui le clinquant, le tapageur, les boutiques de souvenirs et les chaines de magasins modernes pour tenter de trouver ce qui me semblait le plus authentique possible, le plus calme surtout.

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Impossible de ne pas tomber sous le charme des somptueux édifices au port altier du Barri Gotic, le quartier le plus ancien de la ville. Au hasard de la déambulation on a la surprise de découvrir sur une placette un danseur de flamenco, puis un peu plus loin, le vendeur de bracelets aux couleurs de la Catalogne qui nous rappelle qu'ici nous ne sommes en fait pas en Espagne et que le Barcelonais est souvent farouche défenseur d'une indépendance clairement revendiquée.

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 Pour  accéder à l'ancien quartier des pêcheurs, la Barceloneta,  il faut résolument tourner le dos à la plage ultra bondée toute proche et s'y promener sans autre but que d'y goûter un peu de calme.

Dans ce quartier en retrait de l'agitation touristique on affiche haut et fort son appartenance : le drapeau de la Catalogne, voisine avec celui bleu et jaune de la Barceloneta.

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 J'ai laissé le jour tranquillement s'effilocher jusqu'aux prémices de l'obscurité. J' ai arpenté chaque mètre, exploré le moindre recoin, surpris la vie des habitants, ceux qui prenaient le frais dans la rue, ceux qui s'abritaient du soleil sous un parasol où un grand rideau, ceux qui conversaient entre voisins, ceux qui cuisinaient la porte ouverte ou le vieux monsieur qui lisait tranquillement devant chez lui. Et l'impression que tout le monde avait décidé de faire sa lessive au même moment tant il y avait de linge aux fenêtres !

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Le quartier a un charme désuet et ressemble plus à un village à quelques encablures d'une ville qui semble ne jamais dormir. C'est donc dans ces rues là que j'ai décidé d'aller manger mes tapas !

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Petit matin sur Barcelone

A mon avis, il n'y a pas meilleur moyen pour appréhender une ville que de se lever tôt et de partager un moment de ceux qui commencent leur journée de travail. Les fêtards dorment encore.  Les balayeurs nettoient les restes d'une nuit agitée dans le quartier du Raval, le marchand de journaux installe son kiosque, les habitués prennent leur petit-déjeuner au bar du bout de la rue en toute quiétude. Les vendeurs du marché de la Bocqueria ou du Mercat de Santa Catarina disposent tranquillement leur marchandise. Tout respire le calme et l'apaisement avant la ruée des hordes de touristes venus des quatre coins du monde et que j'ai souvent trouvés fort irrespectueux. Ruée dont l'apogée se situe en milieu et fin d'après-midi. Dans les endroits qui étaient déserts il y quelques heures à peine il faudra désormais jouer des coudes pour se frayer un chemin.

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A noter : c'était la première fois de ma vie que je voyais des stands ne proposant que des oeufs dans un marché mais aussi ces drôles de chips en forme de spirale.

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Pardonnez-moi de ne pas vous offrir les clichés traditionnels de cette ville. Vous trouverez partout des photos de la Placa Reial, de la cathédrale, des ramblas, du bord de mer, de l'arc de triomphe, du Passeig de Gracia...... j'ai préféré vous offrir rues et ruelles, fenêtres et balcons.

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Trois petites journées à Barcelone mais trois journées intenses, riches en découvertes et en émerveillement aussi. J'ai parcouru des kilomètres et mes pieds peuvent aujourd'hui dessiner de mémoire la carte géographique du centre-ville et en égrenner tous ses quartiers : La Rambla, El Raval, El Born, La Ribera, Port Vell, La Barceloneta, l'Eixample, le Barri Gotic, Gracia....... 

 Ne vous méprenez pas. Malgré la surpopulation estivale j'ai vraiment apprécié mon séjour dans la capitale catalane et je me verrais bien y retourner pour voir tout ce qu'il ne m'a pas été permis de voir au vu de la brièveté de cette escapade. La prochaine fois, je choisirai toutefois de m'y rendre hors saison !

A mon retour j'ai enfin pu rayer sur ma Bucket list Manger des tapas à Barcelone  ce qui était le but initial. Ce séjour a néanmoins eu une autre utilité, beaucoup moins futile, celle de me réconcilier avec le chantre de la couleur, l'architecte de la fantaisie, le représentant du modernisme catalan, le génialissime Gaudi dont je faisais jusqu'alors peu de cas. Pour lire la suite, je vous donne rendez-vous très très bientôt, c'est promis, dans quelques jours à peine,  pour découvrir :

 

                                                                      LES COULEURS DE BARCELONE

                                                                                 Je vous embrasse

                                                                                      M A R I E *

 

 

         

           

7 août 2022

Entre mer et montagne

           A l'instant même où je m'installe à mon ordinateur pour rédiger la suite de mon récent séjour au Pays de Galles, deux sentiments bien différents m'animent. Je suis contente, très,  de vous avoir trouvés fidèles au rendez-vous malgré cette longue absence, contente de voir que certain-e-s aiment toujours recevoir mes billets et lire de longs textes. Mais  je suis également perplexe. Voilà que sur ma page, s'affichent tout à coup 34 commentaires sur des billets précédents publiés entre 2013 et 2018 et qui me parviennent aujourd'hui seulement !!!! Comment est-ce possible ? Dans quels méandres de Canalblog se sont-ils perdus ? Et pourquoi n'arrivent-ils que maintenant ? Je les ai lus avec émotion, et puis avec tristesse car jamais je n'ai pu répondre à tous ces messages et certaines personnes ont sans doute du me trouver bien impolie alors même que j'essaie dans la mesure du possible de répondre au maximum. Si vous êtes concernés, sachez que je suis bien désolée de cet état de fait ! 

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                                                           Pays de Galles : la suite

  Tout séjour de vacances ayant une fin, il fallait trouver un lieu pour clore ces quelques jours dans le Ceredigion.  Aberyswyth, la ville la plus proche était le choix évident. J'y suis partie à la recherche du magasin de l'artiste  Lizzie Spikes, présentée dans mon billet précédent.  A Driftwood Design j'ai pu acquérir quelques unes de ses illustrations ainsi qu' un cahier pour  tenir mon journal de voyage. Habitude prise depuis fort longtemps que celle de noter succintement, tous les jours, sur un carnet ou un cahier ce que je fais, vois, découvre, visite, lorsque je suis en voyage à l'étranger. J'ai ainsi chez moi une collection de ces carnets qui permettent des années plus tard de raviver des souvenirs parfois un peu éteints. Ils me facilitent également la tâche lorsque je rédige un billet pour ce blog ou que je crée un album photo.

Aberyswyth a ce jour des allures de vieille dame très digne, de celle qui boit un thé dans une pension de famille avec vue sur la mer, ira plus tard marcher à pas mesurés le long de la baie et s'assiera sur un banc pour manger une glace dans le cri des mouettes . Le front de mer  presque désert se décline en jolies maisons colorées. les vacances scolaires ne commençant que le 22 juillet, nous sommes hors saison.       ( Pour avoir effectué bon nombre de séjours en Grande-Bretagne, le conseil que je vous donne, surtout si vous voulez vous rendre dans un endroit très prisé comme la Cornouaille par exemple, c'est de prévoir vos vacances en juillet, quand les britanniques ne sont pas encore en vacances ). Le nombre de petites boutiques du centre laisse à penser toutefois que la petite ville va bientôt se réveiller de sa torpeur pour être livrée en pature aux estivants.

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Après Aberyswyth, destination le nord.

Entre mer et montagne, le nord-ouest du Pays de Galles révèle ses charmes et ses atouts et se plaît dans cette dualité permanente. Sans cesse il hésite entre les deux. L'oeil est transporté par l'opalescence de la mer, celle qui se dévoile du haut de la route surplombant Borth, celle qui s'offre à vous du haut de Garth Pier à Bangor, l'antique jetée datant de l'époque victorienne, lieu de promenade très prisé, ou celle qui épouse le rivage de l'île d'Anglesey mais les montagnes sont toute proches.

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Comme toujours la fascination opère. Le regard se perd dans le lointain, la mer vous lave instantanément des soucis et tracas que vous aviez emportés dans vos bagages. Les montagnes plongent dans la mer et l' on passe d'un paysage à l'autre en un claquement de doigt.  Un instant on est là, sur la plage, on mange un fish and chips ( incontournable ), on achète un grand seau en plastique pour attraper les crabes que l'on rapportera à deux petites têtes brunes, on trempe la main dans l'eau tiède, on se maudit d'avoir oublié son maillot de bain, on suit le sillage du voilier qui passe au loin, on se repaît de soleil  et de grand ciel bleu. On s'offre cette grande respiration tellement nécessaire, un morceau d'infini.

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Le soir on en profite encore sur la baie de Conwy, où le soleil couchant peint le ciel à grand renfort de traits de lumière rose bleutée.

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Mais à  peine à quelques kilomètres de là, c'est l'eau des rivières et torrents de montagne qui chante à vos pieds. A Beddgelert, elle louvoie entre les rochers, et passe sous le joli pont de pierre immortalisé par un peintre qui a choisi le meilleur atelier du monde qui soit. Les maisons sont une rugosité de pierre, austères et solides, faites pour résister aux éléments et à la rigueur d'un climat montagnard. 

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A Beddgelert où j'étais déjà venue il y a quelques années, je regrette seulement la disparition du magasion d'antiquités qui faisait office de restaurant le soir. J'avais trouvé tellement agréable de dîner au milieu d'un décor aussi original. Il n'y avait que trois tables et le couple de propriétaires était aux petits soins pour ses clients.

Le miroitement tranquille de l'eau du lac Llyn Idwal sur les rives duquel poussent les linaigrettes des marais, petites plumes posées dans les hautes herbes qui s'envolent au moindre souffle d'une brise légère, offre la promesse d' une promenade tranquille. Nous sommes au coeur du massif du Snowdonia, entourés des sommets les plus hauts du pays, Y Tryfan, Glyderfach, Glyderfawr et Y Garn, non loin du plus haut de tous, le Mont Snowdon. ( Un petit train mène à son sommet, mais faute d'avoir effectué une réservation à temps, il a été impossible de s'y rendre ). C'est le paradis des randonneurs, alpinistes ou tout simplement des amoureux d'une nature sauvage et préservée.

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L'eau qui rafraîchit un après-midi bien chaud à Betws- y -Coed, village à la confluence de deux rivières attire beaucoup de monde. Ceux qui ont lu mon billet précédent savent que Betws signifie église. Coed signifiant bois, je tente la traduction "église dans les bois "?

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Les moutons, quant à eux, cherchent la fraicheur à l'ombre d'une grosse pierre plate.

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 Et c'est la fraicheur qu'il a fallu rechercher le jour où la canicule s'est frayé un chemin jusqu'ici. Heureusement, il y a toujours un parc ou un jardin à visiter, où que l'on soit en Grande-Bretagne. Bodnant Garden a procuré l'ombre indispensable à cette journée trop chaude. 

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Une très belle demeure dans laquelle je situerais sans problème une histoire écrite par Agatha Christie ou une partie de Cluedo, une énigme bien trempée pour manoir de charme, un meurtre dans la serre, un cadavre sous les rosiers, une riche héritière étranglée avec son collier de perles dans la bibliothèque et un majordome impassible à l'aspect un peu sinistre.  (Oui, oui , je sais j'ai beaucoup d'imagination, mais figurez-vous c'est toujours comme ça. Je passe ma vie à imaginer des histoires ! )

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Le parc est traversé par une rivière bordée de gros massifs d'hortensias bleus. Il est plus remarquable par ses arbres dont beaucoup sont plusieurs fois centenaires que par ses fleurs mais possède de très beaux nénuphars qui ont élu domicile sur deux magnifiques miroirs d'eau et une mignonnette " boat house " où l'on s'installerait bien pour lire un livre au calme.

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Chacun le sait, les belles journées passent bien plus vite que les autres et les pages des livres aimés se referment trop tôt. On quitte le Pays de Galles à regrets en se disant qu'on serait bien restés plus longtemps. Une halte au retour à Hay-on-Wye que j'aime tant prolonge  le voyage pour quelques heures encore.

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Comme j'aime ces guirlandes de fanion qui donnent un petit air de fête aux villes et villages partout en Grande-Bretagne !

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Hay on Wye est une adorable petite ville dans le sud du pays, juste à la limite de l'Angleterre. En 1977 l'excentrique et génialissime Richard Booth décide de redonner du dynamisme à sa ville. Il ouvre une première librairie d'occasion, crée un festival littéraire, incite d'autres libraires à s'installer ( Il y en a 23 à l'heure actuelle souvent spécialisés. ) ce qui fait de Hay " The world's first book town ". En 1977, Richard Booth entre dans la légende en se déclarant lui même roi Richard Coeur de Livre, premier roi du royaume indépendant  de Hay-on -Wye, faisant même éditer des passeports pour son royaume. Richard Booth est décédé en 2019. Son château qui était auparavant une gigantesque librairie a été rénové et vient de réouvrir après une longue période de fermeture. Dans la cour la " Honesty bookshop" dont j'aime beaucoup le concept. On choisit un livre et on laisse dans une boite l'argent destiné à son achat. Hay regorge également de brocantes de charme et il est difficile d'en repartir sans avoir fait quelque nouvelle acquisition qui rappelera les jours heureux de ces vacances.

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Ce volume d'extraits choisis de mon voyage au Pays de Galles se referme. Il est temps d'en ouvrir un nouveau. Je pars demain pour une destination bien différente dont je ne manquerai pas de vous parler à mon retour.

                                                                                      Bien à vous, 

 

                                                                                 M A R I E *

 

 

 

 

 

 

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2 août 2022

Croeso

            238 jours exactement que je n'ai rien publié sur ce blog ! C'est un bien grand nombre me direz-vous mais rien à côté des presque 1000 photos que j'ai prises lors de mon tout récent périple au Pays de Galles. Cela m'a rappelé le temps, pas si lointain, où je partais en vacances armée de mon appareil photo argentique et de deux pellicules de 36 prises chacune pour pouvoir faire, ce qui me semblait alors, un grand nombre de photos. Les temps ont bien changé. Pour les blogs d'une part, qui tombent en désaffection évidente, et qui ne tiennent que par la volonté farouche de leur rédacteur-trice.  En proie aux sollicitations constantes d'une vie qui va toujours plus vite et aux  mille tracas qu'elle procure, la facilité offerte par Instagram est plus que tentante et j'avoue, j'y ai cédé au détriment de cette page.  Pour les photos, plus besoin de réfléchir avant de dégainer son appareil, on mitraille à tout bout de champ. Tout ceci ouvre la porte à deux problèmes : en délaissant les blogs, on laisse de côté les textes, les belles tournures, la recherche du mot juste, de l'adverbe qui habillera la phrase, de l'adjectif qui l'enjolivera et on perd une part de rêve. Par ailleurs,  on consomme de l'image. on en engrange des milliers que l'on ne regardera plus par la suite à moins de prendre le temps nécessaire pour les trier, n'en sélectionner que quelques unes et les imprimer.  Séquence un brin nostalgique s'il en est mais aujourd'hui je vais tenter de me livrer à un exercice de style difficile  : ressusciter un tant soit peu ce blog, en secouer la poussière accumulée, en ôter les toiles d'araignées installées dans le moindre recoin et renouer avec le plaisir de l'écriture pour livrer un petit texte qui me satisfasse (  J'aurai bien du mal à rivaliser avec les textes élégants que nous offrent  La ligne  13 , Du côté de chez Minne et Gris-bleu experts en l'art de dompter la langue française ) et réduire mes 1000 photos à une vingtaine à peine     ( ça va être dur ! ).  Allez, c'est parti.......

 Revenons au titre mystérieux de ce billet, CROESO. A moins de parler le gallois, langue d'origine celtique, vous ignorez probablement que ce mot signifie BIENVENUE. Ca vous campe le décor. On part faire un séjour au Pays de Galles, pays que l'on croit déjà bien connaître, armé d'une solide connaissance de la langue de Shakespeare et on se retrouve en Terra Incognita, incapable de déchiffrer un simple panneau ou de comprendre la teneur d'une conversation. 

 

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                                      Le panneau a été peint par Lizzie Spikes une artiste locale.

Croeso n'est pas le seul mot que j'ai appris. Je sais désormais  entre autre que "Pentre" veut dire "village", que "Betws" veut dire" église",  "Bryn" "colline", " Mynyd"  "montagne" et  " Llyn"  "lac", toute une collection de mots qui me seront probablement très utiles dans les années à venir pour peu que j'arrive à les placer dans la conversation. Car dans la région où j'ai tout d'abord séjourné le" Ceredigion", région peu touristique,  l'identité galloise est très forte. Le dragon rouge, symbole du pays, figure du drapeau national est partout, sur les devantures des magasins, en guirlande sur les façades et dans les jardins, et se fait tirer le portrait sur une porte de garage à Tregaron, localité sensée être la plus galloise d'entre toutes.

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Quand on rentre faire ses courses dans l'unique petit magasin de Pontrydfendigaid *qui regorge de produits locaux,  Welsh cakes, miels, confitures, estampillés "The Welsh Lady", les conversations vont bon train, en gallois, et on se sent un peu intimidé d'oser adresser la parole à la dame derrière le comptoir en anglais. A Tregaron, la seule langue que l'on entend parler dans les rues c'est le gallois et la serveuse qui conseille de goûter le Bara Brith, une sorte de pain d'épices aux fruits secs, fait un effort pour parler anglais. Le dépaysement est total mais tout le monde est très accueillant, et les français ici sont bien mieux vus que les anglais.

* Si si, je vous jure, au bout de quelques jours et avec entrainement , on arrive à bien  le prononcer. Pas comme celui-ci, le nom de lieu le plus long : Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch qui signifie à peu de choses près "L'église de Sainte Marie dans un creux planté de noisetiers blancs, près d'un tourbillon rapide et de l'église de Saint Tysilio et près d'une grotte rouge.

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Dans le Ceredigion, je n'ai pas logé dans l'une de ces anciennes maisons de mineurs colorées mais dans cet adorable, confortable et très ancien cottage aux murs chaulés qui était autrefois l'échoppe d'un cordonnier.  Il est assez isolé et ne dévoile ses charmes qu'au bout d'une route sinueuse qui n'en finit plus, au fond d'une petite vallée dans laquelle chante une rivière.  Il a son jardinet très fleuri et sa jolie boite aux lettres rouge. De la porte ouverte, on a vue sur la robuste maison en pierre des propriétaires.

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Le panneau Dolau Afon est lui aussi peint par l'artiste locale Lizzie Spikes. Dolau Afon signifie Meadows River c'est à dire la rivière à travers les prés. Si d'aventure louer ce cottage vous intéressait, il vous suffit de taper le nom sur internet et vous trouverez sans peine le site. 

On vient à Dolau Afon lorsqu'on recherche une retraite paisible loin de l'agitation du monde. Il vaut mieux aimer le calme et la nature. Pas de ville à visiter, pas de virée shopping en vue, l'activité à privilégier est la balade au grand air.  Un jour on peut choisir par exemple de partir des ruines de l'abbaye Strata Florida,  d'emprunter un pont de bois et de suivre le cours de la rivière Teifi , de respirer au sommet des collines , de perdre son regard dans les lointains bleutés avant de cheminer lentement dans des chemins creux et verdoyants.

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On peut aussi opter pour les profondeurs des sous-bois aux ombres humides, un entrelac de branches, une opacité de feuillages, le ruissellement des cascades, les roches luisantes, les pentes abruptes des gorges qui vous mènent au coeur de cette terre. 

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Les chutes de la rivière Mynah à Pont ar Fynach, balade réservée aux plus sportifs.

 Un autre jour, on part suivre le cours plus tranquille de la rivière Yswyth qui traverse le Hafod Estate, ce grand domaine boisé et paysagé sillonné de sentiers créé au 18ème siècle par un certain Thomas Johnes. Les rencontres sont rares et la beauté de l'unique vache à la robe caramel ( fudge ou toffee ) paissant tranquillement méritait bien une photo.

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 Longtemps je me souviendrai de la pause méridienne dans "Mrs Johnes garden". Un grand cirque de verdure dominé par des sapinières à flanc de colline où le temps est subitement suspendu. J'y ai imaginé Jane Johnes au 18ème siècle, accompagnée de sa fille unique Mariamne,  promenant son ample robe de taffetas brodée, son ombrelle, ses rubans et ses dentelles dans son grand jardin tout simple, loin de tout mais si apaisant, s'asseyant sur un banc pour goûter le plaisir extraordinaire d'être sous un grand ciel bleu illuminé par les rayons d'un soleil d'été. Je l'ai vue pousser la grille qui grince légèrement sous l'arche de pierre où son portrait est gravé en bas-relief, admirant au passage le pourpre des digitales ou l'or des lysimaques. J'ai fermé les yeux et j'ai retenu l'instant précieux.

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Tout était précieux dans ce séjour. Le temps retrouvé, apprivoisé. Le silence palpable. les eaux tour à tour calmes ou indomptables des rivières, les grands espaces, les kyrielles de petits cottages qui parsèment le paysage, les moutons qui s'approprient la route, l'inconnu, l'inattendu,  tout ce qui permettait d'atténuer des mois incroyablement difficiles qu'il fallait tenter d'oublier. J'ai quitté le Ceredigion plus sereine , direction le nord et les beautés du  Snowdonia. Affaire à suivre........

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32 photos au lieu des 20 que je m'étais imposée et je n'ai évoqué que la première partie de ce séjour gallois ! L'exercice est donc plus ardu qu'il n'y paraît et il me semble avoir lamentablement échoué à cette contrainte-là. Mission accomplie pour la deuxième et mon blog renaît donc aujourd'hui de ses cendres. Toute la question est de savoir si vous voulez une suite ? Parce que des photos il m'en reste, tout comme des choses à vous dire. Alors à votre tour, laissez-moi un petit commentaire, donnez-moi le plaisir de vous lire, dites- moi que ça vaut la peine de continuer, je crois sincèrement que pour écrire un blog aujourd'hui on a besoin d'encouragements ! Et puis, si le coeur vous en dit, abonnez-vous. ( Je sais, j'en demande beaucoup ! )

Je vous donne rendez-vous très bientôt je l'espère et vous laisse avec des illustrations de Lizzie Spikes qui peint tout simplement et si bien l'amour du Ceredigion. Bien à vous,

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H W Y L !

            M A R I E *

7 novembre 2021

D'or et d'automne

 Une petite balade en Bourgogne, ça vous tente ? 

Il faut bien le reconnaître, ce mois d'octobre a été glorieux. L'été s'y est consumé avec flamboyance, jetant mille feux sur des journées joliment moirées, tièdes et agréables. Le soleil a musardé plus qu'à l'accoutumée se complaisant dans le bleu d'un ciel qu'aucun nuage ne venait déranger donnant à ce début d'automne ses lettres de noblesse. 

Vous ne  pouviez le savoir mais petite-fille et arrière petite-fille de vigneron médocain, la vigne est inscrite dans mon ADN et les paysages de vignobles convoquent des images d'enfance et de liberté, de cousins et de jeux en toute insouciance. Je ne connaissais pas la Bourgogne et l'automne me semblait une bien jolie saison pour en suivre le fil d'or dans le département du même nom entre feuilles de vigne déclinées en jaunes, ocres, roux, carmins et toits de tuiles vernissées aux teintes chaudes et aux motifs savants. 

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Clochers à losanges, pointes ou chevrons, parures d'écailles, chaque village  le long de la route des grands vins qui déroule son ruban sinueux de Dijon au sud de Beaune est propice à de jolies découvertes. Les noms chantent, évocateurs et gourmands, avec la rondeur en bouche d'une robe rubis . Gevrey-Chambertin,  Chambolle-Musigny, Vosne Romanée, Nuits- Saint- Georges, Aloxe-Corton, Pommard, Volnay, Meursault.......

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 Au dessus du Clos de Vougeot, le ciel prend des teintes dramatiques, farouches presque et la vigne à ses pieds se fait mer ondulante et rousse. Lorsque j'étais enfant,  mon père lors de l'un de ses déplacements professionels m'avait envoyé une carte représentant des vendangeurs au Clos de Vougeot avec le château en arrière-plan. Carte chérie, que je contemplais fréquemment et que je dois encore avoir quelque part bien rangée dans une boite ou un carton avec d'autres souvenirs d'enfance.  Depuis lors, ce domaine symbolisait pour moi à lui tout seul la Bourgogne et j'attendais sa visite avec impatience.

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En poursuivant la route, les rangées de ceps dessinent le paysage, tirent des lignes parfois courbes, le plus souvent droites, épousent la forme du terrain qu'elles colonisent et c'est un véritable patchwork de rectangles mordorés qui se dévoile aussi loin que l'on puisse voir.

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 Le point d'orgue de toute balade en Bourgogne est incontestablement Beaune et ses hospices. J'ai adoré la visite de cet hôpital pour indigents bâti et financé au 11ème siècle par le chancelier des ducs de Bourgogne Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins. Une merveille architecturale pour une oeuvre de bienfaisance qui a perduré au cours des siècles suivants. Les toitures étincelaient joyeusement sous le soleil et laissaient présager d'une jolie matinée.

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 Après Beaune, tournant le dos aux vignobles, le fil d'or s'est déroulé un peu plus au nord, le long du canal de Bourgogne puis du Nivernais pour aller cueillir le soleil au couchant sur la colline éternelle de Vézelay et y trouver l'apaisement du soir naissant.

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 Au matin, promenade calme et bucolique le long de la rivière dans la vallée du Cousin proche d'Avallon avant de reprendre la route. Puis au moment de rentrer, décider de faire un détour par Saint Sauveur en Puisaye dans l'Yonne ( très inspirée par la visite que La ligne 13 en avait fait cet été )  pour aller visiter la maison natale de l'écrivain Colette.

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On ne vient pas à Saint Sauveur par hasard. Cette petite agglomération, loin de tout, se mérite. Au temps de Colette, sa mère, Sido, se rendait une fois par trimestre à Auxerre la grande ville la plus proche en voiture à cheval pour en rapporter des provisions. Elle partait à deux heures du matin et mettait huit heures pour la ral. Epoque héroïque !  Aujourd'hui, il faut une heure en voiture. Lorsqu'elle partait chaque trimestre pour Auxerre à 2 heures du matin, dans la victoria.........dans une grande épicerie, durant qu'on emballait le pain de sucre drapé de biais de papier indigo, les cinq kilos de chocolat, la vanille, la canelle, la noix de muscade, le rhum pour les grogs, le poivre noir et le savon blanc."

On dit " la maison de Colette ". A cette dénomination on devrait préférer " la maison de Sido ". Sido, la formidable mère de Colette, femme hors du commun, humaniste, anti-conformiste, probablement féministe, ayant un bon siècle d'avance sur son temps. Elle est partout présente dans la maison, tout comme la maison est véritablement un personnage à part entière de l'oeuvre de Colette qui y a puisé ses forces et ses racines.

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Belle demeure aux volets gris qui s'ouvre sur " le jardin de devant", la maison vit à l'arrière, tournée à l'intérieur sur " le jardin du haut et le jardin du bas "   Grande maison grave, revêche avec sa porte à clochette d'orphelinat, son entrée cochère à gros verrou de geôle ancienne, maison qui ne souriait qu'à son jardin. Son revers invisible au  passant , doré par le soleil, portait manteau de glycine et de bignonier mêlés, lourds à l'armature de fer fatiguée, creusée en son milieu comme un hamac, qui ombrageait une petite terrasse dallée et le seuil du salon...

Visiter la maison et le jardin, c'est se promener en toute liberté dans deux oeuvres de l'écrivain " Sido " et " La maison de Claudine".  C'est y retrouver chacun des lieux décrits dans le moindre petit détail.

 Sur le mur séparant le jardin du haut de la basse-cour, la petite Colette , Gabrielle de son vrai nom, joue à être " curé sur un mur". A son âge - pas tout à fait huit ans-, j'étais curé sur un mur. Le mur, épais et haut, qui séparait le jardin de la basse-cour, et dont le faîte, large comme un trottoir, dallé à plat, me servait de piste et de terrasse, inaccessible au commun des mortels. Eh oui, curé sur un mur.

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Sido veille à tout sur cette maison, met la main à la pâte, et offre à la petite Gabrielle/ Colette son premier éveil sensoriel. Découvertes olfactives, visuelles, gustatives entre le jardin où elle a toujours de nouvelles boutures à planter et la cuisine où les effluves de rhum se mêlent à ceux de la brioche chaude. Sido c'est une force incroyable de vie qu'elle a transmis à sa fille et que l'on retrouve dans ses écrits ."Alors elle franchissait les deux marches de notre seuil, entrait dans le jardin. Sur -le-champ tombaient son excitation morose et sa rancune. Toute présence végétale agissait sur elle comme un antidote... "

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Dans la chambre parentale, la chocolatière de Sido est encore remplie du breuvage délicieux dont elle étanchait ses soifs nocturnes et qu'elle semblait partager parfois avec.... une araignée. ......en mentionnant l'araignée que ma mère avait- comme disait papa- dans son plafond.... Une belle araignée des jardins, ma foi, le ventre en gousse d'ail, barré d'une croix historiée. Elle dormait ou chassait, le jour, sur sa toile tendue au plafond de la chambre à coucher. La nuit, vers 3 heures, au moment où l'insomnie quotidienne rallumait la lampe, rouvrait le livre au chevet de ma mère, la grosse araignée s'éveillait aussi, prenait ses mesures d'arpenteur et quittait le plafons au bout d'un fil, droit au-dessus de la veilleuse à huile où tiédissait , toute la nuit, un bol de chocolat. Elle descendait, lente, balancée mollement comme une grosse perle, empoignait de ses huit pattes le bord de la tasse, se penchait la tête la première, et buvait jusqu'à satiété. Puis, elle remontait, lourde de chocolat crémeux, avec les haltes, les méditations qu'imposent un ventre trop chargé et reprenait sa place au centre de son gréement de soie...

Les descendantes de l'araignée amatrice de chocolat peuplent-elle encore la maison de Colette ?

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Gabrielle / Colette rêve dans la chambre de Juliette " Ma soeur aux longs cheveux" qui deviendra un jour la sienne. Je goûtais dans cette chambre de jeune fille un ennui distingué dont j'étais fière .Le secrétaire en bois de rose regorgeait de merveilles inaccessibles ." 

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Des revers de fortune subis par la famille l'amenèrent à se séparer avec douleur de cette maison dont les effets personnels , les livres, la vaisselle, les meubles furent dispersés. L'association qui la gère aujourd'hui a réussi le tour de force de la restaurer quasiment à l'identique, traquant chaque bouture, chaque essence à replanter dans le jardin, chaque volume de la bibliotèque, chaque commode ou guéridon en compulsant les archives des salles des ventes pour en retrouver les différents acquéreurs. Pour les papiers peints, elle s'est fiée à la description très précise qu'en a fait Colette dans ses livres. C'est ainsi que "le papier gris de perle à bleuets " de la chambre de Juliette tout comme celui joliment doré du salon  ont été refait à l'identique " à la planche ". 

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Vous l'aurez sans doute compris, j'aurais pu - au risque de vous lasser - vous parler encore bien longtemps de la maison de Colette, vous montrer d'autres photos et j'espère que ce billet vous aura donné l'envie d'aller peut-être un jour vous aussi la découvrir tout comme vous aurez peut-être envie de re-découvrir les écrits de cet extraordinaire écrivain qui maniait la plume avec élégance, raffinement, délectaction et dont chaque phrase clame haut et fort son amour de la langue française.

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Vacances terminées, le bel automne doré a presque tiré sa révérence. Il laisse sa place au deuxième automne, plus morne, fait de vent et de froidure, celui que - avouons le- je n'aime pas. Les jours ont subitement raccourci nous incitant à nous calfeutrer dans nos maisons, à nous envelopper de lainages douillets, à allumer des bougies pour lutter contre la morosité qui va nous accompagner pendant de longs mois. Cette période d'hibernation forcée à nous de ponctuer de jolis moments tels des oasis de lumière pour la traverser plus aisément et attendre le retour des beaux jours.

 

                                                                          Bien à vous, 

                                                                           M A R I E *

 

3 octobre 2021

L'heure bleue ou les dunes de Skagen

 

      Ete 2008 . A Skagen, au nord de la péninsule du Jutland, cette région du Danemark qui dessine comme une pointe dans sa partie ouest, la petite fille est partout. Avec son sarrau bleu, ses sabots, ses bas rouges qui tirebouchonnent sur ses jambes et la boucle de cheveux qui sort de son chapeau. Elle s'affiche en grand sur la façade du musée, sur des sacs, des tee-shirts, des cahiers et des bloc notes. Impossible de la rater. Elle est mon premier contact visuel avec l'oeuvre du peintre danois Peder Severin Kroyer qui, je ne le sais pas encore, va devenir l'un de mes peintres préférés. J'aime tant ce tableau, que je prends en photo ma fille de huit ans Chloé, au bord de l'eau, dans sa robe rose, dans la même position . ( Je vous aurais bien volontiers montré la photo mais impossible de mettre la main sur la quasi totalité de mes photos de ce voyage ce qui me chagrine beaucoup. Je n'en ai retrouvé que quelques unes ) Petite fille debout sur la plage de Skagen, Sonderstrand.

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Peder c'est lui, peint par Lauris Tuxen. Un regard bon et franc. Des yeux qui scrutent les détails du paysage qui l'entoure.  Il s'est vêtu d'un costume de lin clair, a empoigné son bâton de marche pour gravir plus aisément les dunes, a mis sa sacoche de peintre en bandoulière et s'est installé sur la plage pour peindre sur le motif et en plein air. Peder est, comme la colonie de peintres qui s'y installe tous les étés, tombé sous le charme de la magie de Skagen, tombé sous l'emprise de ses rivages baignés d'une poésie de lumière.

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Il y a Peder et il y a Marie sans qui Peder n'est pas. Elle peint elle aussi et il en est tombé follement amoureux. Il peint les grands yeux clairs de Marie, son teint de porcelaine et Marie à son tour peint sa barbe rousse et ses sourcils broussailleux. Marie me fascine rapidement sans que j'arrive à vraiment savoir pourquoi. Sans doute parce que je porte le même prénom qu'elle, que j'ai moi aussi fait de la peinture et que je suis moi aussi la femme d'un peintre. Il me semble que je la connais, que je peux percer à jour ce qu'elle ressent et c'est moi qui tombe sous l'emprise de son regard clair. Double portrait de Marie et Peder Severin Kroyer. 

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Marie et Peder ne sont nulle part aussi heureux qu'à Skagen, entre ciel et mer. Peder peint la lumière du Nord et l'harmonie qui se dégage du site. Il peint aussi les travailleurs de la mer et les enfants sur le rivage.

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Inlassablement, ses pas le ramènent sur l'immense plage qui mène à la pointe de Grenen là où la mer du Nord et la mer Baltique se rencontrent, se heurtent et s'entrechoquent. A l'ouest le Skagerrak, à l'est le Kattegat.  Etre à cet endroit précis c'est tenir entre ces mains un petit bout d'infini. Le vent y claque, le sable se meurt dans l'eau, et les vagues des deux mers dessinent comme une ligne à l'endroit de leur rencontre. Le 16 juillet 2008 c'était l'anniversaire de mon fils Vivien. Pouvait-on rêver plus bel endroit que cette pointe pour y fêter ses 15 ans ? 

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 Peder peint surtout L'heure bleue , cet instant fugace en fin de journée quand les rayons du soleil illuminent le bord de mer d'une lumière si particulière, se réverbèrent sur la surface de l'eau et sur le blanc du sable et que le sentiment de plénitude est à son comble. Et il est vrai qu'à cet instant présent les bleus sont plus intenses.

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Pointe de Grenen 2008

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L'heure bleue, c'est le moment que Marie a choisi pour aller se promener avec son amie Anna Ancher. Moment d'intimité entre les deux femmes, Marie a la tête penchée vers celle de son amie sans doute pour lui confier un secret. Tout est doux : le bleu du ciel qui s'estompe et se fond dans celui de la mer, les limites floues entre le sable et l'eau, le contour des silhouettes illuminées par le soleil couchant, l'air immobile, calme et paisible.

J'ai contemplé ce tableau pour la première fois au musée de Skagen et il m'a fallu un moment pour pouvoir en détacher les yeux tant il exerce une fascination intense. Peu de tableaux dégagent une telle impression de plénitude absolue il était donc impensable pour moi de rater l'exposition " L'heure bleue " au musée Marmottant Monet à Paris qui m'a permis en septembre dernier d'admirer à nouveau les oeuvres présentées dans ce billet.

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 Je suis désolée pour les reflets sur les photos, il est très difficile de faire des photos convenables lors d'une exposition.

 Pendant que Peder peint, Marie passe ses après-midi au jardin dans la maison aux murs colorés qu'ils louent tous les étés. Image d'un bonheur paisible et domestique. Leur fille joue sans doute un peu plus loin à moins qu'elle ne fasse la sieste. Le chien s'est couché au pieds de Marie  et le rosier croule sous les fleurs.

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Jardin de la maison, Skagen 2008

Et puis il y a les joyeuses réunions avec les amis, peintres pour la plupart. L'été est l'occasion de retrouvailles festives, d'agapes et de grands éclats de rires. Les liens sont forts entre ces familles d'artistes. C'est le temps du bonheur. Hip, hip, hip, hourra, déjeuner d'artistes, Skagen.

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En quittant l'exposition difficile d'échapper au regard triste de Marie. Car pour Peder et Marie l'histoire s'est mal finie. Une séparation inexorable, lente et douloureuse pour l'un comme pour l'autre. Le temps des promenades et des beaux étés sur la plage de Skagen est révolu. La vie avec Peder étant devenue trop difficile, Marie va le quitter pour un musicien suédois qui malheureusement la délaissera quelques années plus tard. 

Au musée de Skagen il y a un grand tableau qui n'était pas présent à l'exposition au musée Marmottan : Feu de joie de la Saint Jean sur la plage de Skagen. Autour du feu, Peder a peint les habituels, ses amis comme Anna Ancher et son mari. Il a aussi représenté Marie au bras de son amant Hugo Alfven et puis il s'est représenté en retrait, comme s' il se retirait déjà de l'histoire. 

Peder reste seul et s'éteint quelques années plus tard en laissant une oeuvre d'une beauté incomparable.

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J'ai toujours pensé qu'on laissait une part de nous mêmes dans les lieux qui nous ont marqués. En ce qui me concerne, je pense avoir laissé une partie de moi même quelque part dans les dunes de Skagen, très certainement en compagnie de Marie, la jeune femme qui pour toujours se promènera sur la plage à l'heure bleue.

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Dunes de la pointe de Grenen, 2008

 

Sur le même sujet 

A lire : Sundborn ou les jours de lumière de Philippe Delerm dont l'action se déroule dans la colonie d'artistes de Skagen.

A voir : le film suédois Hip hip hurrah , grand prix de la Mostra de Venise 1987 qui raconte lui  aussi la colonie d'artiste de Skagen et la folie qui s'installe peu à peu chez le peintre Peder Severin Kroyer.

A donner

A la suite de mon dernier billet sur le Luberon, j'ai retrouvé un exemplaire en livre de poche de Une année en Provence de Peter Mayle. Eta d'usage. Le possédant déjà en version anglaise, je me propose de l'offrir à qui a envie de le lire. Il sera pour la première personne à m'en faire la demande en commentaire.

                                                                               Bien à vous,

                                                                                Marie *

20 septembre 2021

La première gorgée de soleil ( deuxième partie )

     24 jours, quelques heures et des poussières que je suis rentrée de vacances et chaque jour qui passe accroit la distance entre moi et ce petit bout de Provence que l'on nomme le Luberon. Entre lui et moi c'est un peu une histoire d'amour mais c'est aussi celle d'un écartèlement. De manière tout à fait paradoxale, les deux endroits sur terre où je me sens le mieux sont diamétralement opposés. Opposés en tout, géographiquement et culturellement parlant et je suis condamnée pour l'éternité à faire un grand écart entre les îles britanniques où je me sens vraiment moi-même et la Provence où je trouve toujours l'apaisement. Je ne peux nier le fait que le Sud est inscrit de manière indélébile et en caractères gras dans mon patrimoine génétique.

C'est au bord du lac du Salagou ( voir billet précédent ) qu'est venue l'idée de venir se poser quelques jours à Maubec petit village arrimé au pied de la chaîne du petit Luberon, dominé par ses crêtes ondulantes et ses rondeurs. Des cyprès au port altier, faisant office d'obélisque montent la garde devant les maisons de pierre blonde blottties les unes contre les autres.  Maubec est l'un de ces petits bijoux  comme tant d'autres que recèle la Provence, mais plus calme , plus à l'écart des foules que génèrent les grandes transhumances estivales.

 

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 Le premier matin, se réjouir de ce ciel si bleu qu'aucun nuage ne saurait ourler et remonter le temps en grimpant par les calades - ces anciennes rues pavées - tout en haut d'Oppède le Vieux le village abandonné mais bruissant des vies qui s'y sont écoulées.

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Le cadeau du jour, et quel cadeau, fut une répétition en plein air de l'opéra de Mozart "Don Giovanni" . Pouvait-on rêver d'un plus bel écrin pour porter au loin les voix des chanteurs ?

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 Dans mon escarcelle cet été, j'ai collectionné les villages accrochés à leur éperon rocheux  de part et d'autre de la plaine du Calavon et de l'ancienne Via Domitia des romains, comme d'autres glanent des coquillages sur une plage. Leurs noms faisaient une jolie mélodie à mon oreille et me chantaient les vieilles pierres de Provence, les volets aux couleurs fanées par un soleil insolent, le murmure des fontaines , le charme des campaniles en fer forgé, les places ombragées, la fraicheur des ruelles étroite, les senteurs aromatiques....... et j'ai répété :   Ménerbes, Saignon, Apt, Lourmarin.

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 Je me suis penchée à peine, et j'ai  aussitôt ramassé Goult et son secret : le  petit trou dans une muraille - l'oeil de Goult - qui livre une vue sur la rue en contrebas à qui sait la saisir - beaucoup passent sans le voir.  Et puis aussi les ailes du moulin offertes à la véhémence du vent en d'autres saisons.

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Je me suis penchée encore, attirée par la rousseur des maisons de Roussillon gorgées d'ambre comme un abricot trop mûr, la poésie de ses façades et le sentier des Ocres dont on repart la terre rouge collée aux semelles.

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La blancheur de Gordes qui dévale la colline sur laquelle est perché le village vous éblouit un peu, Bonnieux et Lacoste cloturent ce défilé.

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Le bonheur est dans le Luberon, dans ces après-midi languissantes à l'ombre des feuilles argentées de l'olivier où choses et êtres sont comme figés dans une indéfinissable torpeur. Les cigales crissent au lointain. On ne fera rien, ou si peu. Lire quelques pages, écrire quelques lignes, rêvasser un peu en contemplant le bleu du ciel. Est-ce cela que l'on appelle la pleine conscience ?  Quel jour sommes nous ? Le passé se brouille peu à peu, le futur n'est pas encore arrivé, il n'y a d'autre réalité que cet instant suspendu sous un petit olivier, quelque part en Provence.

On s'assoupit un peu, une heure ou deux, on ne sait pas très bien tant les frontières de ce temps qui s'écoule sans rien faire sont abolies et l'on se réveille soudainement pour voir que rien n'a changé. L'olivier, le mur de pierres sèches, la grande porte cochère et l'on boit le soleil glorieux à pleine lampées. Le miroir vous renvoie l'image de quelqu'un d'autre, les cheveux ont blondi, la peau est hâlée, une nouvelle insouciance vous habite.  Oh, l'incroyable facilité de l'être humain à se glisser dans un nouveau lieu, une nouvelle routine et à oublier tout ce qui fait son quotidien ! Balayées la maison et la ville où l'on habite, le travail, les contraintes du quotidien, tout cela n'a plus rien de tangible, seule l'est votre présence au pied du massif du Luberon par une après-midi d'été. 

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 Mais que de tourments dans cet été de lumière ! De loin, très loin parvenaient les échos et nouvelles des drames qui se jouaient à des milliers de kilomètres de là. Des hommes et des femmes dont l'existence tout d'un coup ne serait plus que larmes et chagrin. Je n'ai cessé de penser à eux alors que j'étais si bien, mesurant la cruelle injustice sur laquelle le monde tournait. Pour ces moments de bonheur que je vivais, combien traversaient des océans de violence ? Pour ma liberté, combien d'êtres humains enfermés dans une prison  à ciel ouvert ? Quel devenir pour ces milliers de femmes et de petites filles ? Le drame qui se jouait en Afghanistan m'a durablement bouleversée et culpabilisée par la même occasion tant je me sentais impuissante devant son gigantisme. Non, l'été n'a pas seulement été glorieux, il a aussi été tourmenté et dramatique.

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 Dernière soirée sous les étoiles au restaurant du village, dernier croissant du matin à la boulangerie d'à côté, dernier petit déjeuner sur la terrasse, dernier regard pour les monts du Luberon juste au-dessus de votre tête et dont on s'efforcera de retenir  l'image le plus longtemps possible en tentant de l'emprisonner dans sa rétine afin qu'elle s'y imprime et vous accompagne pendant les longs mois de grisaille à venir. On repart à contrecoeur avec la douloureuse et déchirante sensation de quitter un endroit où l'on aimerait pouvoir poser ses valises définitivement tant on s'y sent bien.

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LES BONUS DU BILLET

ESCARGOTS

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Voici la question existentielle que je me suis posée : " Pourquoi des centaines, voire des milliers, de petits escargots blancs accrochés en haut de grillages ou de tiges ? " . J'étais pour le moins intriguée et cela m'a rappelé que lorsqu'enfant je vivais aux alentours de Nîmes, il y avait aussi des petits escargots blancs sur les grillages. En cherchant un peu j'ai découvert la réponse : ces escargots tentent tout simplement d'échapper à la chaleur du sol et montent le plus haut possible.

 

LIRE LA PROVENCE

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Pour prolonger un séjour , pour découvrir la Provence, ou tout simplement pour le plaisir de lire

Une année en Provence de Peter Mayle : Incontournable. Avec beaucoup d'humour et un grand sens de l'observation, cet anglais qui a beaucoup contribué à la vague de popularité qui a assailli le Luberon  ( et fait grimper le prix des propriétés ) raconte mois par mois son installation à Ménerbes.

Encore Provence , du même auteur. Dans la même veine que l'ouvrage précédent mais un peu moins bon.

Dictionnaire amoureux de la Provence , du même auteur. Je ne l'ai pas encore lu mais nul doute qu'il sera très plaisant à lire connaissant la verve de son auteur. Je l'ai rapporté d'une extraordinaire librairie découverte cet été dans le petit village de Banon  " L'oiseau bleu"     non, "Le bleuet " ( merci à Brigitte pour la correction ! ) ouverte tous les jours de l'année. Non, je ne me suis pas trompée : tous les jours de l'année, même Noël, même le jour de l'an .

Provence  de Jean Giono : Nul autre que Giono n'a su écrire si bien son amour de la Provence, de la Haute Provence plus précisément. Une langue belle et poétique où chaque phrase est un régal.

Le dit du Mistral  de Olivier Mak-Bouchard : Un texte magnifique. Un récit sur la transmission où s'entremêlent légendes et rêves. Une histoire d'amitié, une fenêtre ouverte sur la terre de Provence magnifiée par la présence des Anciens et des forces de la nature. Où l'on apprend que le Mistral  dure trois, six ou neuf jours.

 

LIRE LE DROIT DES FEMMES

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 En piqûre de rappel et parce que les droits des femmes ne sont jamais acquis définitivement le manifeste de Benoite Groult qu'il faut obligatoirement avoir lu : Ainsi soit-elle.

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          Merci de m'avoir suivie sur les chemins de Provence. A bientôt pour le prochain  billet qui vous parlera d'art.

                                                                  M A R I E *

 

 

 

29 août 2021

La première gorgée de soleil ( première partie )

 La première gorgée de soleil* est toujours enivrante pour qui en a été privé pendant longtemps. On ferme les yeux, on renverse un peu la tête en arrière en poussant un long soupir de contentement et on offre sa peau blême à la morsure sauvage de rayons d'or. La tenue est de circonstance et adaptée aux conditions climatiques :  robe fluide, short, sandales, gaze de coton ou de lin, chapeau de paille. On peut voyager léger !  * Formule en partie empruntée à Philippe Delerm

J'avais quitté des cieux très moroses assortis de températures ridiculement fraiches pour me retrouver presque 900 kms plus au sud sous un ciel d'un azur de plomb où l'intense lumière vous aveugle. Des vacances de dernière minute avec une première semaine dans l'Herault où chacun de mes pas m'a ramenée plus de trente ans en arrière lorsque je vivais dans ce département. 

Comme à Pézenas par exemple la jolie petite ville où plane encore la présence de Molière. Il est dans chacune de ses ruelles ombreuses, dans l'entrebaillement des lourdes portes des anciens hôtels particuliers, dans les cartouches en bas-relief inscrites sur les façades des maisons, dans la pierre blonde ou blanche, dans les fenêtres majestueuses, dans la fraicheur secrète des cours intérieures, dans l'arrondi des voûtes, dans les contrastes saisissants entre la lumière très forte qui écrase toute couleur et la dense profondeur de l'ombre. Comme l'a dit Marcel Pagnol :  " Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris, Molière est né à Pézenas".

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La guirlande de napperons tendue entre deux maisons, quelle bonne idée !

Une semaine qui s'est écoulée tranquillement entre balades, vieilles pierres, marchés, terrasses, d'Octon à Mourèze, de Clermont l'Hérault à Villeneuvette, l'ancienne manufacture royale, en passant par Saint Jean du Gard dans les Cévennes pour aller retrouver mon amie de toujours Domi - je la connais depuis que j'ai 11 ans - et avec qui le temps a passé si vite que nous n'avons même pas pensé à prendre de photos.

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Et puis il y a eu le lac du Salagou. Le jour on nage dans ses eaux tranquilles. Des libellules aux ailes aussi rouges que la terre qui borde le lac  se poursuivent en un ballet aérien décrivant autour de votre tête des arabesques compliquées. La baignade vous lave de tout ce que vous avez vécu durant l'année, soucis et difficultés se diluent dans l'eau jusqu'à disparaître complètement et on peine à sortir de l'eau pour prolonger encore un peu ce doux apaisement.

Le soir le spectacle est grandiose. Le soleil se couche lentement dans un flamboiement de teintes roses et le temps est soudain suspendu, à l'équilibre, sur un fil. La magie opére comme toujours. Le calme est absolu, à peine troublé par un très léger clapotis et vous vous retrouvez soudain seuls face à l'immense.

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Les journées très chaudes se prolongent en longues soirées. Qu'il est bon de renouer avec l'insouciance de les passer dehors dans l'air qui vous enveloppe d'une tiédeur agréable ! Des sensations que l'on avait oubliées tant l'été s'était jusqu'alors montré récalcitrant.

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 A Montpellier j'avais rendez-vous un soir avec moi même, avec mes années d'étudiante, avec ma jeunesse. Place de la Comédie sous la statue des trois grâces. 1981, j'ai 17 ans et une petite robe rose. 40 ans plus tard, le même endroit et une petite robe jaune. Après ces révélations, vous aurez vite calculé l'âge vénérable que j'ai atteint et vous en aurez déduit que je ne suis plus tout à fait la petite jeunette de la première photo mais une femme que l'on qualifie de - horrible mot- mûre. Entre les deux une éclipse, une parenthèse, et le vertige vous étreint à la pensée de tout ce temps écoulé. Pourtant, dans votre tête vous n'avez pas changé ou si peu, vous avez toujours la fougue et les rêves de vos 17 ans et seule votre image vous rappelle que vous avez vieilli, inexorablement. 

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A Sète les couleurs claquent, vives et franches. Les rouges et les jaunes s'entrechoquent, le blanc est plus lumineux, le bleu toujours plus intense mais il y a beaucoup trop de monde. Jusqu'à présent je n'étais venue à Sète que hors saison et ce bain de foule ne me convient pas du tout. Alors juste prendre le temps de traverser la ville , de marcher jusqu'à la mer, de s'emplir de son infini avant de reprendre la navette qui permet de traverser l'étang de Thau et revenir sur Mèze.

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C'est sur son rivage que cette première semaine de vacances s'achève. Au loin Sète que l'on vient de quitter et le Mont Saint Clair où se niche le cimetière marin cher à Paul Valéry : "Ce toit tranquille,où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes; Midi le juste y compose de feux La mer, la mer, toujours recommencée Ô récompense après une pensée. "

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Il est temps de repartir, d'empruter une de ces routes bordées de platanes que l'on aime tant et qui vous rappellent les routes des vacances quand vous étiez enfant à l'époque où il y avait encore peu d'autoroutes et qui ont un effet quasi hypnotique et apaissant. La direction est toute trouvée : plein est vers une région chère à mon coeur , le Luberon. C'est là que je vous retrouve pour un nouveau billet dans deux ou trois jours, le temps de le rédiger.

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 A suivre,

M A R I E *

 

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Marie et les agapanthes
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