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Marie et les agapanthes
20 septembre 2021

La première gorgée de soleil ( deuxième partie )

     24 jours, quelques heures et des poussières que je suis rentrée de vacances et chaque jour qui passe accroit la distance entre moi et ce petit bout de Provence que l'on nomme le Luberon. Entre lui et moi c'est un peu une histoire d'amour mais c'est aussi celle d'un écartèlement. De manière tout à fait paradoxale, les deux endroits sur terre où je me sens le mieux sont diamétralement opposés. Opposés en tout, géographiquement et culturellement parlant et je suis condamnée pour l'éternité à faire un grand écart entre les îles britanniques où je me sens vraiment moi-même et la Provence où je trouve toujours l'apaisement. Je ne peux nier le fait que le Sud est inscrit de manière indélébile et en caractères gras dans mon patrimoine génétique.

C'est au bord du lac du Salagou ( voir billet précédent ) qu'est venue l'idée de venir se poser quelques jours à Maubec petit village arrimé au pied de la chaîne du petit Luberon, dominé par ses crêtes ondulantes et ses rondeurs. Des cyprès au port altier, faisant office d'obélisque montent la garde devant les maisons de pierre blonde blottties les unes contre les autres.  Maubec est l'un de ces petits bijoux  comme tant d'autres que recèle la Provence, mais plus calme , plus à l'écart des foules que génèrent les grandes transhumances estivales.

 

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 Le premier matin, se réjouir de ce ciel si bleu qu'aucun nuage ne saurait ourler et remonter le temps en grimpant par les calades - ces anciennes rues pavées - tout en haut d'Oppède le Vieux le village abandonné mais bruissant des vies qui s'y sont écoulées.

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Le cadeau du jour, et quel cadeau, fut une répétition en plein air de l'opéra de Mozart "Don Giovanni" . Pouvait-on rêver d'un plus bel écrin pour porter au loin les voix des chanteurs ?

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 Dans mon escarcelle cet été, j'ai collectionné les villages accrochés à leur éperon rocheux  de part et d'autre de la plaine du Calavon et de l'ancienne Via Domitia des romains, comme d'autres glanent des coquillages sur une plage. Leurs noms faisaient une jolie mélodie à mon oreille et me chantaient les vieilles pierres de Provence, les volets aux couleurs fanées par un soleil insolent, le murmure des fontaines , le charme des campaniles en fer forgé, les places ombragées, la fraicheur des ruelles étroite, les senteurs aromatiques....... et j'ai répété :   Ménerbes, Saignon, Apt, Lourmarin.

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 Je me suis penchée à peine, et j'ai  aussitôt ramassé Goult et son secret : le  petit trou dans une muraille - l'oeil de Goult - qui livre une vue sur la rue en contrebas à qui sait la saisir - beaucoup passent sans le voir.  Et puis aussi les ailes du moulin offertes à la véhémence du vent en d'autres saisons.

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Je me suis penchée encore, attirée par la rousseur des maisons de Roussillon gorgées d'ambre comme un abricot trop mûr, la poésie de ses façades et le sentier des Ocres dont on repart la terre rouge collée aux semelles.

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La blancheur de Gordes qui dévale la colline sur laquelle est perché le village vous éblouit un peu, Bonnieux et Lacoste cloturent ce défilé.

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Le bonheur est dans le Luberon, dans ces après-midi languissantes à l'ombre des feuilles argentées de l'olivier où choses et êtres sont comme figés dans une indéfinissable torpeur. Les cigales crissent au lointain. On ne fera rien, ou si peu. Lire quelques pages, écrire quelques lignes, rêvasser un peu en contemplant le bleu du ciel. Est-ce cela que l'on appelle la pleine conscience ?  Quel jour sommes nous ? Le passé se brouille peu à peu, le futur n'est pas encore arrivé, il n'y a d'autre réalité que cet instant suspendu sous un petit olivier, quelque part en Provence.

On s'assoupit un peu, une heure ou deux, on ne sait pas très bien tant les frontières de ce temps qui s'écoule sans rien faire sont abolies et l'on se réveille soudainement pour voir que rien n'a changé. L'olivier, le mur de pierres sèches, la grande porte cochère et l'on boit le soleil glorieux à pleine lampées. Le miroir vous renvoie l'image de quelqu'un d'autre, les cheveux ont blondi, la peau est hâlée, une nouvelle insouciance vous habite.  Oh, l'incroyable facilité de l'être humain à se glisser dans un nouveau lieu, une nouvelle routine et à oublier tout ce qui fait son quotidien ! Balayées la maison et la ville où l'on habite, le travail, les contraintes du quotidien, tout cela n'a plus rien de tangible, seule l'est votre présence au pied du massif du Luberon par une après-midi d'été. 

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 Mais que de tourments dans cet été de lumière ! De loin, très loin parvenaient les échos et nouvelles des drames qui se jouaient à des milliers de kilomètres de là. Des hommes et des femmes dont l'existence tout d'un coup ne serait plus que larmes et chagrin. Je n'ai cessé de penser à eux alors que j'étais si bien, mesurant la cruelle injustice sur laquelle le monde tournait. Pour ces moments de bonheur que je vivais, combien traversaient des océans de violence ? Pour ma liberté, combien d'êtres humains enfermés dans une prison  à ciel ouvert ? Quel devenir pour ces milliers de femmes et de petites filles ? Le drame qui se jouait en Afghanistan m'a durablement bouleversée et culpabilisée par la même occasion tant je me sentais impuissante devant son gigantisme. Non, l'été n'a pas seulement été glorieux, il a aussi été tourmenté et dramatique.

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 Dernière soirée sous les étoiles au restaurant du village, dernier croissant du matin à la boulangerie d'à côté, dernier petit déjeuner sur la terrasse, dernier regard pour les monts du Luberon juste au-dessus de votre tête et dont on s'efforcera de retenir  l'image le plus longtemps possible en tentant de l'emprisonner dans sa rétine afin qu'elle s'y imprime et vous accompagne pendant les longs mois de grisaille à venir. On repart à contrecoeur avec la douloureuse et déchirante sensation de quitter un endroit où l'on aimerait pouvoir poser ses valises définitivement tant on s'y sent bien.

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LES BONUS DU BILLET

ESCARGOTS

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Voici la question existentielle que je me suis posée : " Pourquoi des centaines, voire des milliers, de petits escargots blancs accrochés en haut de grillages ou de tiges ? " . J'étais pour le moins intriguée et cela m'a rappelé que lorsqu'enfant je vivais aux alentours de Nîmes, il y avait aussi des petits escargots blancs sur les grillages. En cherchant un peu j'ai découvert la réponse : ces escargots tentent tout simplement d'échapper à la chaleur du sol et montent le plus haut possible.

 

LIRE LA PROVENCE

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Pour prolonger un séjour , pour découvrir la Provence, ou tout simplement pour le plaisir de lire

Une année en Provence de Peter Mayle : Incontournable. Avec beaucoup d'humour et un grand sens de l'observation, cet anglais qui a beaucoup contribué à la vague de popularité qui a assailli le Luberon  ( et fait grimper le prix des propriétés ) raconte mois par mois son installation à Ménerbes.

Encore Provence , du même auteur. Dans la même veine que l'ouvrage précédent mais un peu moins bon.

Dictionnaire amoureux de la Provence , du même auteur. Je ne l'ai pas encore lu mais nul doute qu'il sera très plaisant à lire connaissant la verve de son auteur. Je l'ai rapporté d'une extraordinaire librairie découverte cet été dans le petit village de Banon  " L'oiseau bleu"     non, "Le bleuet " ( merci à Brigitte pour la correction ! ) ouverte tous les jours de l'année. Non, je ne me suis pas trompée : tous les jours de l'année, même Noël, même le jour de l'an .

Provence  de Jean Giono : Nul autre que Giono n'a su écrire si bien son amour de la Provence, de la Haute Provence plus précisément. Une langue belle et poétique où chaque phrase est un régal.

Le dit du Mistral  de Olivier Mak-Bouchard : Un texte magnifique. Un récit sur la transmission où s'entremêlent légendes et rêves. Une histoire d'amitié, une fenêtre ouverte sur la terre de Provence magnifiée par la présence des Anciens et des forces de la nature. Où l'on apprend que le Mistral  dure trois, six ou neuf jours.

 

LIRE LE DROIT DES FEMMES

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 En piqûre de rappel et parce que les droits des femmes ne sont jamais acquis définitivement le manifeste de Benoite Groult qu'il faut obligatoirement avoir lu : Ainsi soit-elle.

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          Merci de m'avoir suivie sur les chemins de Provence. A bientôt pour le prochain  billet qui vous parlera d'art.

                                                                  M A R I E *

 

 

 

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Commentaires
V
Quelle belle échappée (facile...) Que ces doux souvenirs sont plaisants à lire. Ils m'inspirent une certaine nonchalance en ce début de week-end. J'ai cru sentir l'ardeur du soleil et la chaleur du sud entre tes lignes. Tu as un réel talent pour raconter de belles choses.<br /> <br /> Bien sûr que nous sommes tous sur la même planète mais que malheureusement les cartes ne sont pas toutes distribuées de la même manière. Le monde va assister, une fois de plus impuissant aux drames de l'Afghanistan... Et ce pluriel n'est pas de trop, hélas ! Que pouvons nous faire ? Je pense à mes petites filles épargnées par ces douleurs et me dis que la France est tout de même un pays où il fait bon vivre. Restons positives et souhaitons que ces fanatiques s'éduquent à minima et laissent ces gens si gentils vivre une vie tout simplement "normale". Mais, mais, mais... A suivre. <br /> <br /> Je vais chercher ces livres pour me replonger dans la douceur provençale, c'est dit. Doux week-end Marie. Bises<br /> <br /> Bertille
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P
Pourquoi ne nous installons-nous pas dans les lieux où nous nous sentons le mieux ? Cela paraît sans logique, sauf à adopter un point de vue masochiste. Je me rappelle un dessin très bon de Quino, avec Mafalda, mettant en évidence cette bien étrange contradiction. Peut-être savons-nous au fond que vivre en ces lieux modifierait l'image que nous avons d'eux : nous préférons alors les chérir et les idéaliser de loin, et n'en prendre que le meilleur le temps des vacances. <br /> <br /> <br /> <br /> Une année en Provence de Peter Mayle est vraiment un récit sympa, bon moment de lecture garanti !
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N
Tout simplement merci de nous faire profiter de tes vacances ressourçantes. Tes superbes photos me rappellent que de bons souvenirs et je me gorge de soleil à la lecture de ton billet. Qu il est doux de ne rien faire, seulement savourer le moment présent, se délecter du panorama, des odeurs, des couleurs mais aussi écouter les cigales. Merci Marie Noëlle. Bonne fin de semaine.
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I
Ca y est...j'ai encore envie d'y retourner🤩🤩
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C
Une région que je connais bien, tout y est en superlatif, la lumière comme tu dis, les pierres et ses couleurs douces et chaudes, la vue et les parfums et ces ruelles où l'on voudrait franchir les portes ... As-tu fait le marché de Coustellet ? Je me doute que tout cela apaise, on s'y sent simplement bien. Bises et merci pour ce superbe billet. Christine
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Marie et les agapanthes
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