Le Ben Nevis, la pluie, les midges et moi !
Fin juillet et un petit coup de fil de ma chère amie écossaise Jeannie : " Viens passer le mois d'août chez moi à Edimbourg. Toutes les copines seront contentes de te revoir. On t'attend !" Impossible de refuser une telle proposition ! J'ai donc pris la route vers le nord en direction de cette ville magnifique dont j'avais déjà parlé ici.
Mais voilà . Dans ce billet, je ne vous parlerai pas d'Edimbourg.
Je ne vous parlerai pas du festival qui anime ses rues chaque mois d'août.
Je ne vous parlerai pas non plus de paysages beaux à couper le souffle et que l'on trouve dans les Highlands, domaine des lochs et des montagnes où les teintes mauves se mêlent aux verts et aux roux pour mieux nous enchanter.
Je ne vous parlerai pas de romantiques châteaux,
De fantomatiques brumes,
Ou de petits ports de pêche aux maisons colorées.....
Il n'y aura pas de bateaux,
encore moins de moutons,
ou d'autres animaux,
De kilts ou de joueurs de cornemuse.
Non ! Le sujet principal de ce billet sera : Le Ben Nevis.
Le Ben Nevis est le sommet le plus élevé des îles britanniques et culmine à 1344 mètres. Rien de comparable aux sommets des Alpes certes, mais c'est tout de même une montagne réputée dans le milieu de l'alpinisme et sur les pentes de laquelle 6 à 7 personnes perdent la vie chaque année. Ben Nevis signifie " Montagne du ciel " en gaélique et fait partie de l'un des 284 Munros d'Ecosse, nom donné à un sommet de plus de 3000 pieds ( 900 et quelques mètres ) . Le sommet du Ben Nevis disparait 9 jours sur 10 dans une brume épaisse et la pluviométrie y est particulièrement élevée. Tout un programme !
Une fois n'est pas coutume, je m'étais lancé ce défi : gravir le Ben Nevis. Défi de taille pour quelqu'un de totalement inexpérimenté dans le domaine de la montagne, qui a zéro souffle et un genou en compote ! Mais les défis sont là pour être relevés et c'est ainsi que je me suis retrouvée partir à l'assaut de ce sommet un matin où le temps était assez beau.
Il y avait tout d'abord ce sentier qui serpentait dans une touffeur de fougères
Pour rapidement céder la place à cette végétation rase que l'on retrouve un peu partout dans les Highlands.
Entrée en scène au bout d'une heure à peine d'un premier acteur : la pluie . Curieusement, j'avais jusqu'à présent toujours eu beaucoup de chance lors de mes séjours en Ecosse et n' avais jamais eu de pluie. Il en a été différemment cette fois et ce jour là, la pluie ne devait plus s'arrêter de tomber de la journée entière, s'intensifiant de plus en plus, apportant avec elle un brouillard épais et tenace qui s'accrochait à l'ensemble du relief dérobant à l'oeil des pans entiers du paysage.
Puis entrée en scène d'autres acteurs : les midges . Si vous ne les connaissez pas ( heureusement pour vous ! )les midges sont des insectes microscopiques semblables à des moustiques et qui prolifèrent dans certains coins d'Ecosse, particulièrement dans les lieux humides ( eviter les rives du Loch Leven par exemple ) en août et en septembre. Ils peuvent être des dizaines de milliers à tournoyer autour de vous, vous empêchant d'ouvrir les yeux ou la bouche, s'immisçant dans le moindre interstice de vos vêtements pour mieux vous piquer. Et ce jour-là , il y avait beaucoup de midges sur les pentes du Ben Nevis !
Il fallait très vite prendre de l'altitude, rentrer dans les écharpes de nuages pour y échapper.
Le minéral prenant alors la relève du végétal pour créer un paysage quasi lunaire et très hostile.
Des cairns , montrant le chemin à suivre et l'apparition de la neige.
Un semblant de blizzard qui se lève, souffle, hurle et rougit le moindre centimètre carré de peau exposé à l'air. L'arrivée se fait dans une brume opaque rendant la visibilité quasi nulle.
Mais le sommet est bel et bien là et malgré la météo peu clémente, il y avait vraiment beaucoup de monde au rendez-vous ce jour-là. Rien n'arrête des écossais , ni la pluie, ni des midges !
C'était bien beau d'être arrivée là, il fallait maintenant songer à redescendre et toujours sous une pluie battante, de furieuses envies de farniente et de soleil vous traversant subitement l'esprit ! On est tout de même en plein mois d'août !
La journée en quelques chiffres :
- En partant de Fort William qui se trouve à 12 mètres d'altitude , il s'agit d'une ascension d'un dénivelé positif de 1332 mètres .
- Température : 16 degrés au départ, zéro à l'arrivée.
- Presque 5 heures de montée et 4 heures de descente , donc 9 heures au total dont 8 sous une pluie battante !
- Une centaine de piqures de midges mais une seule ampoule.
- Achats : un bonnet épais, une paire de gants et un pantalon de pluie. Plus que nécessaire !
- Deuxième Munro gravi ( j'avais déjà gravi le Glas Tulaichean, un petit Munro lors d'une agréable randonnée sous le soleil )
Mon bilan personnel :
Une ascension très dure et une descente qui a été un véritable calvaire. J'ai fini la journée dans un tel état d'épuisement que je n'en n'ai pas ressenti la moindre fierté. Ma carrière d'alpinisme a donc commencé et fini le même jour ! Je laisse à qui les veut les 282 autres Munros d'Ecosse plus tous les autres sommets de la terre entière ! C'est clair : ce n'est pas pour moi !!!!! Tout de même, en souvenir de cette journée je me suis fait un petit cadeau qui en fera sourire plus d'un mais j'assume: Une médaille commémorative de cette ascension . Je la méritais bien ! I CLIMBED BEN NEVIS !
Retour en France et peu de changements : plus de midges certes mais de la pluie, de la brume et des températures peu clémentes. ( Mais c 'est quoi ce mois d'août ? )
Un mystérieux paquet dans ma boite au lettres de la part de Morgane : un coussin , des étiquettes et un petit sac affichant un bien joli programme et que j'ai mis à côté des eucalyptus cueillis en Provence avec Irma. De la Provence à l'Ecosse, la boucle est bouclée, il n'y a plus qu'à attendre la rentrée ......
A BIENTOT !
MARIE *