Du sépia plein les yeux
J-2 avant le réveillon de Noël ! Je vous imagine entouré-e-s d'une montagne de papiers cadeaux en train de finaliser les derniers paquets à moins que vous ne soyez fébrilement en train d'accrocher les dernières décorations qui orneront vos maisons, ou alors en train d' enfourner une nouvelle tournée de sablés de Noël en chantant à tue-tête " All I want for Christmas is youuuuuuuuuuu !" Bon, j'exagère un peu je sais, parce que ce Noël risque être bien différent des précédents et s'annonce triste et difficile à vivre pour beaucoup. Réveillon seul ou à deux, familles réduites à leur plus simple expression, masque obligatoire, distanciation sociale...., le coeur ne sera pas toujours à la fête. Cela n'empêche que nous avons tous besoin de recréer un peu de magie pour traverser les journées sombres de l'hiver.
Vous avez ouvert votre boite mail vu que Marie Agapanthe avait publié un nouveau billet et vous vous êtes dit : chouette, elle va nous montrer son sapin, ses décos de fêtes, des petites bougies, des branches de houx, des cartes de voeux, des senteurs orange-chocolat- pain d'épices et que sais-je......d'autant plus que le titre du dit-billet a un goût prononcé de chromos et d'images d'Epinal pour enfants sages.
Que nenni ! Point de tout ça ! En lieu et place d'un billet de saison je vous ramène quelques mois en arrière dans le Finistère sud. Vous vous rappelez ? Je vous avais livré mes premières impressions bretonnes et promis de vous ramener dès que possible sur ce bout de terre qui s'avance dans l'océan. Et voilà, c'est aujourd'hui et ce sera mon cadeau de Noël: Je vous offre un petit bout de LIBERTE ! Celle qui nous fait cruellement défaut, celle que nous pensions détenir pour acquise, celle que nous espérons tous retrouver en 2021. Car il faut bien se l'avouer, nous en avons tous assez de cette année maudite qui s'éternise. Allez hop, c'est parti !
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Un matin bleu, l'envie d'aller voir ce qu'il y a là-bas, juste en face, de l'autre côté de l'eau. Embarquer dans le petit bateau qui fait la liaison c'est déjà un avant goût d'inconnu, d'aventure, de voyage et on scrute l'horizon, le sémaphore blanc et noir, les maisons qui s'approchent.
De Loctudy à L'ïle Tudy
Quand on accoste, les rues sont désertes, les tables des terrasses sont rangées, les parasols repliés, tout cela a un goût de fin de saison. On se promène un peu sur la grève, la quiétude à peine troublée par les cliquetis des drisses sur les mâts des voiliers.
Les petites chaussures de plage oubliées sur la plage de l'île Tudy sonnent la fin de l'été.
A peine un peu plus loin, à Bénodet, j'ai vraiment eu l'impression de me retrouver dans une carte postale un peu ancienne, du sépia plein les yeux, une douce nostalgie des vacances d'antan dans l'air. Aucun trucage ni filtre sur cette photo, les couleurs sont ressorties telles quelles.
Ah ! L'insouciance des jours heureux, où un seau, une pelle, une épuisette et une flaque d'eau suffisent au bonheur. (Photos prises à la dérobée )
Bénodet a le charme suranné des stations balnéaires du début du vingtième siècle. Les belles maisons de famille se souviennent encore de vacances avec les cousins, de joyeuses tablées le soir après la baignade, la peau joliment dorée, un goût de sel sur les lèvres. Les enfants devenus parents à leur tour, puis grand-parents regardent avec tendresse la nouvelle génération renouer avec les plaisirs qu'ils avaient eu dans leur enfance, jouer au mêmes jeux, s'émerveiller de tout, éclater de rires fous et s'endormir des étoiles de mer plein la tête.
Bénodet c'est aussi l'occasion d'admirer des petits bijoux de l'architecture art déco : la maison qui s'avance telle la vigie d'un bateau ou la villa qui se prenait pour un paquebot.
Bénodet est un peu hors du temps et a la douce saveur de vacances couleur sépia sur lesquelles règne une paisible atmosphère.
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Arrrgh .......C'est à ce point crucial de ma narration que je suis obligée de m'interrompre. Voyez-vous, je fais deux choses en même temps (c'est, j'en conviens, une habitude détestable, mais je ne sais pas faire autrement ) et là, je suis en plein préparatifs culinaires, patissiers à proprement parler. Je dois poursuivre la réalisation de ma bûche : j'ai coulé une mousse coco dans mon moule à bûche et je l'ai laissée prendre au congélateur. Il est temps d'y rajouter une mousse fruits de la passion et le biscuit financier coco par dessus avant de la remettre au froid. Le jour J, je verserai le glaçage brillant dessus avant de la décorer. Et puis les fournées de sablés se succèdent, ils seront mangés au petit-déjeuner du 25 décembre. Attendez-moi, je reviens......🥯🍪🍰🎄⭐
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A toutes vacances il y a un dernier jour. Aurait-on pu trouver point d'orgue plus majestueux, théâtral et dramatique que l'impétueux chaos rocher de la pointe du Raz avec le phare de la Vieille en ligne de mire? L'endroit m'a tout de suite rappelé les côtes plus sauvages de la grande Cornouailles de l'autre côté de la mer. Ici, sous le soleil, cela m'a paru plus sage, plus petit, un peu plus dompté mais les apparences sont trompeuses. La mer s'engage en grondant dans le gouffre sous la pointe et de violents courants animent le raz entre la pointe et l'île de Sein.
La fin de la journée fut glorieuse. Baignade dans la Baie des Trépassés dont le seul nom m'évoque avec frisson des tempêtes terribles, les hurlements des naufragés et leurs esquifs balottés et déchiquettés par un océan devenu hostile allié à des vents sinistres.
Point de tout ça aujourd'hui, la baie est tranquille sous un ciel d'un bleu méditerranéen. Le bonheur est parfait. Je ne pense plus aux difficultés des mois écoulés et ne pense pas encore à la rentrée toute proche ( si seulement j'avais eu connaissance de ce qui nous attendait tous ! ) , seul demeure le plaisir immense de ne faire qu'un avec le ciel , l'eau et l'endroit tout entier. Des jeunes s'entrainent au surf et j'admire leur ténacité à remonter cent fois sur leur planche après être tombés cent fois à l'eau.
Toute bonne chose ayant une fin, il a fallu se résoudre à quitter ce petit paradis en se promettant d'y revenir, de prendre plus son temps, de s'y laisser tranquillement vivre.
Et puis, au départ, passage obligé par une fabrique de galettes et crêpes, histoire de faire une petite provision. Dans le plus strict respect des règles sanitaires s'il vous plait !
Voilà, c'était mon petit cadeau. Au plus noir de l'hiver une bulle de liberté, de grands espaces, d'air pur et d'insouciance parce que nous en avons tant besoin ! Et comme je ne suis pas susceptible de revenir sur ces pages d'ici Noël, je vous souhaite à tous du fond du coeur un :
TRES JOYEUX NOEL !!!!!
MARIE *
PS : Je viens de me relire et remarque que j'ai souvent employé le mot " goût" dans ce billet. Serait-ce le fait que j'ai fait pas mal de pâtisserie tout en le rédigeant ? 😁