Les moments précieux
Je n'en fais pas mystère. Je n'aime pas ces mois, où l'hiver semble avoir absorbé à tout jamais lumière et soleil et où l'on se retrouve plongés dans une brume opaque et tenace sous un ciel couleur plomb du matin au soir. Les jours commencent à peine à rallonger mais on rentre tout de même du travail à la nuit tombée. A cela il faut rajouter la succession de tempêtes qui a balayé la partie nord de la France, ce vent qui hurle et faisait craquer le chaume au dessus de ma tête. Pas ce qu'il y a de plus rassurant !
Il est trois heures un dimanche après-midi. La forêt est noyée dans un brouillard impénétrable et on a décidé d'aller y faire un tour, au risque de ne plus retrouver son chemin par la suite, mais rester enfermé toute la journée est vraiment trop déprimant. Les pas craquent sur les branches mortes, s'enfoncent dans un mélange boueux de feuilles et de brindilles, quand soudain, on retient son souffle car au loin est apparue une majestueuse bête à bois, un cerf, qui se promène. Un instant unique et fugace, un petit moment PRECIEUX que l'on garde et qui nous portera les jours suivants.
Les instants PRECIEUX, voilà ce qu'il faut tenter de multiplier pour faire face à ces périodes moroses.
Le dimanche suivant, finir la promenade-découverte de l'abbaye de Mortemer ( On ne connaissait pas et on s'est promis d'y retourner aux beaux jours ) dans l'adorable commune de Lyons-la-forêt. A la nuit tombante, on a poussé la porte de ce salon de thé dont les lumières sont si attirantes. Le monde peut bien s'arrêter de tourner, on est bien au chaud, confortablement installé dans un grand fauteuil. On boit à petites gorgées un thé bien chaud que l'on a accompagné d'une crêpe, Chandeleur oblige, et l'espace d'un instant on oublie que demain une nouvelle semaine de travail recommence, avec son lot de contraintes et de réunions dans lesquelles vous aurez souvent l'impression de perdre votre temps. Mais c'est ce nouveau petit moment PRECIEUX qui va vous redonner l'énergie de repartir pour 5 nouvelles journées.
Les matins se succèdent, noyés dans la brume et l'on sait que le jour ne consentira, une fois encore, pas à se lever. Un soir, tout est différent, le ciel flamboie et le matin qui suit, le soleil darde des rayons orangés sur la façade de la chaumière. ( Pour ceux qui suivent, j'ai finalement craqué pour une plaque personnalisée, commandée à Rye en Angleterre. Voir billet du 25 juillet 2018 ) Dans ces moments là, le coeur se gonfle d'espoir et tout paraît plus léger. La journée s'annonce belle et froide avec un ciel clair et dégagé, un froid sec et mordant, tellement mieux que cette humidité et cette grisaille persistantes. ( Le réchauffement climatique on en constate déjà les effets et les dégâts ! )
Le coeur est gai aussi quand on prépare la journée entre copines qu'on a prévue de longue date. On s'était promis de se retrouver entre filles du coin, de partager un bon repas, et d'aller à la découverte de nouvelles brocantes. La semaine qui précède on fabrique des nids avec les longues herbes presque sèches rapportées de la balade en forêt, celle-là même où l'on a aperçu un cerf au loin. Les herbes enroulées sur elles-mêmes prennent vite la forme désirée. Le jour J, on sort un grand drap écru et l'on y dispose les trois nids que l'on a confectionnés, au milieu des assiettes en terre de fer dont on ne se lasse décidément pas ! Les nids sont agrémentés de feuilles de fougère dorées et de petits papillons de papier.
On a cueilli les perce-neiges dans le jardin et trouvé un usage au jolis napperons en crochet offerts il y a un moment déjà par mon amie de toujours Monesille. ( Tu te rappelles ? Tu m'avais dit que tu étais certaine que je saurais quoi en faire 😊.)
Dans les assiettes, des petits cadeaux fait maison : un savon au lait d'ânesse entouré de carton ondulé, agrémenté d'un médaillon en pâte Fimo et d'une fougère dorée. Dans les sachets, des maisonnettes en pâte Fimo, parfumées à l'huile essentielle de citron.
Ce n'est pas le printemps mais ça y ressemble, surtout lorsque les branches que l'on a disposées dans un panier au mur se mettent à fleurir sans eau. C'est aussi le printemps quand les conversations vont bon train, que l'on oublie le temps qui passe, qu'on ne voit pas la nuit tomber et quand les amies disent " Bon, il serait peut-être temps de rentrer " et partent à regrets. La journée était parfaite, conforme à celle qu'on avait imaginée. N'avons-nous pas vécu un moment PRECIEUX ?
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Ce sont ces petits moments, oh combien PRECIEUX et NECESSAIRES qui m'ont aidée à traverser les semaines passées. Le temps des vacances et du repos est enfin arrivé. et je savoure le goût du temps retrouvé tout en réfléchissant déjà à un nouveau billet !
ENJOY THE PRECIOUS MOMENTS !
M A R I E *