Dernier mai à Paris
Deux premières années d'études passées à Paris pour la demoiselle de la famille et le moment venu de rendre un appartement étudiant très agréable non sans un petit pincement au coeur de sa part. Pincement au coeur pour la maman aussi qui avait pris l'habitude de petits weekends dans la capitale. Mais il restait un dernier mois de mai pour quelques rendez-vous importants.
Premier rendez-vous de taille avec Vilhelm Hammershoi peintre Danois du 19 ème au musée Jacquemart- André. Le lieu est déjà somptueux. Un majestueux et très magnifique hôtel particulier qui sert d'écrin à une non moins magnifique exposition de toiles.
Découvrir l'oeuvre de Hammershoi c'est plonger dans un univers où tout objet, toute représentation humaine se dissout dans un silence si présent, si évident, si épais qu'il arrive à en imprégner tout son environnement immédiat. Un univers peuplé de femmes quasiment toujours représentées de dos ou dans l'entrebaillement d'une porte, silhouettes sombres et solitaires, affairées à l'une de ces tâches ménagères qui rythment une vie paisible et ordonnée. Enfilade de portes qui s'ouvrent sur des vies silencieuses et minuscules, velours ouaté de teintes cotonneuses dans des variations de bruns, de beiges, de noirs et de gris.
Vies intérieures et scènes d'intérieurs qui s'animent sous la caresse d'un rayon de soleil. Hammershoi peint la lumière, peint le vide, peint l'austère, peint une atmosphère.
J'ai eu la chance qu'il n'y ait que peu de visiteurs lorsque j'ai visité cette exposition et longtemps je n'ai pu me détacher de la contemplation de ces scènes intimistes. Plus que les peintres du Sud, ce sont les peintres du Nord, de la Scandinavie en particulier dont je me sens la plus proche, les Hammershoi, Holsoe, Kroyer, Larson, Zorn et autres. ( Même si j'aime Cézanne et Van Gogh et que je suis en admiration devant les toiles de Gauguin )
Autre rendez-vous le même jour et un changement radical de décor et d'ambiance avec la visite de la Grande Mosquée de Paris qui se terminera par la dégustation d'un thé à la menthe brûlant. L'illusion est parfaite. Tous les éléments du décor sont présents : le minaret qui se dresse fièrement dans un ciel d'un bleu presque sans nuages, les décors arabisants, les mosaïques bleues et ocres, la cour intérieure aux allure de cloître, le jardin tout en luxuriance et les bassins pour les ablutions. Toutes les beautés du Magrehb à portée de main pour un dépaysement assuré.
En mai il a fallu également dire au revoir au quartier, à savoir le 14ème, que l'on ne connaissait pas deux ans auparavant et qui a été une belle découverte. Une dernière promenade rue des Thermopyles à deux minutes de l'appartement où flotte comme un petit air de campagne en ville et où l'on retrouve le goût de flâner dans une rue sans circulation où les habitants osent sortir leurs plantes devant chez eux. Pendant un instant on oublie que l'on est à Paris et on se dit que la vie peut aussi y être très paisible et que l'on peut se sentir proche de la nature. ( En fait, je pense que les habitants de la rue doivent avoir du mal à supporter tous les promeneurs en quête de verdure et que la vie n'y est peut-être pas aussi tranquille que ça ! )
Le jour de l'état des lieux il est encore temps d'aller faire un tour chez Mama Petula, le concept store végétal qui s'est installé dans l'ancien hôpital Saint Vincent de Paul sur le site des Grands Voisins avenue Denfert Rochereau, tout comme une centaine d'associations, artistes et artisans et ce jusqu'en 2020, en attendant la naissance du nouveau quartier dont le chantier a commencé et qui verra le jour en 2023.
Loin , bien loin des fleuristes d'antan qui nous proposaient des plantes figées dans une collerette en papier plissé, Mama Petula c'est d'abord une atmosphère, un lieu où les plantes sont libres de s'épanouir à leur guise dans des vieilles passoires ou des baquets en zinc, poussent dans des fioles de verre, entourent un vieux canapé en velours et n'attendent qu'une chose : que vous les adoptiez et que vous leur offriez tout votre amour.....
Le retour en Normandie est un peu triste. La voiture est pleine à craquer de tout ce que l'on peut accumuler en deux ans mais déjà la suite se dessine. La destination pour la suite des études est déjà trouvée. Je vous laisse un indice en photo. Peut-être l'occasion d'un futur voyage pour moi ? Qui sait ?
A bientôt,
Marie *