Le prisonnier
A l'heure de la rentrée j'avais envie de faire un petit retour en arrière sur mes vacances du mois de juillet. Vous vous en souvenez peut-être, à l'époque je me trouvais en Angleterre dans le Lake District , où il faisait vraiment mauvais temps. Un temps si mauvais que la région fut donc abandonnée au profit d'un endroit plus clément, un peu plus au sud, au Pays de Galles.
Tomber sous le charme du petit village de Beddgelert dans le massif de Snowdonia. Des maison de pierre, une rivière qui traverse le village, un magasin d'antiquités qui se transforme en restaurant le soir ( à ne manquer sous aucun prétexte ), des montagnes, des lacs et le tout sous un ciel enfin sec et bleu le tout agrémenté d'une pointe de soleil. Bref, le rêve !
Et puis tout à coup, en regardant une carte de la région, se rendre compte qu'on se trouve juste à côté de Portmeirion, un nom qui fait aussitôt tilt : le village où a été tournée la série "Le Prisonnier ".
Qui se souvient du Prisonnier?
Série britannique culte, totalement kitsch, datant de 1967 et diffusée en France à la fin des années 70 . Une série qui me fascinait autant qu'elle m'angoissait : A la suite de sa démission, un agent secret se réveille un jour dans un village très esthétique et prétendument idyllique qui semble être fait de carton pâte et dont il ne peut sortir. Dans ce village tout n'est qu'illusion. Les habitants ont des accoutrements chamarrés, arborent chacun un badge numéroté les identifiant et se saluent par un " Be seeing you ". Qui sont les geôliers, qui sont les captifs ? La vie se réinvente autour de jeux, parades, semblants et faux semblants, jeux du chat et de la souris. Notre héros, le numéro 6, incarné par Patrick Mac Goohan clame sans relâche haut et fort " I am not a number, I am a free man" et n'aura cesse de chercher à s'évader. Mais dans le village, toute vélléité de fuite est aussitôt écrasée au sens métaphorique comme physique du terme par le Rôdeur, une énorme boule blanche qui surgit hors de la mer accompagnée d'un terrifiant rugissement.
Portmeirion est en fait un magnifique village créé de toute pièce en 1925 par Sir Clough Williams-Ellis qui voulait bâtir un lieu parfait. Inspiré de Portofino en Italie, Portmeirion a des allures méditerranéennes avec ses belles demeures colorées à l'architecture italienne , avec sa riche ornementation gréco-romaine et sa végétation luxuriante.
Se promener dans Portmeirion, c'est déambuler au sein même de la série, en retrouver les lieux emblématiques. Beaucoup de visiteurs pour cet endroit atypique qui n'est pas habité mais dans lequel on peut séjourner car il y a un hôtel sur la plage.
Le dôme est la résidence du numéro 2 qui dirige le village. Il est maître de la surveillance, chargé de soustraire des informations ( qu'il n'obtiendra jamais ) au prisonnier et reste en contact étroit avec un mystérieux numéro 1 duquel il reçoit ses ordres.
Les habitants du village se regroupent souvent, contraints et forcés , autour de la Piazza centrale pour des concerts, jeux d'échecs grandeur nature ou autre manifestation dont les tenants et les aboutissants sont en général mystérieux au premier abord mais participent toujours de jeux de manipulation orchestrés par les gardiens qui donnent lieu à des comportements excentriques.
La maison du Prisonnier est bien là, celle qui est rose et arrondie au milieu de la photo.
Le village est au bord de la mer et ressemble à une très jolie station balnéaire où tout est pensé et prévu pour le bien être et les loisirs de ses occupants. Il a tout du lieu innocent et sympathique pour passer le week-end.
Je ne vais pas vous étonner en vous disant que j'ai énormément apprécié la visite de Portmeirion. Il faisait beau et doux dans les rues escarpées et cela m'a forcément donné l'envie de revoir la série.
Pour la retrouver ou pour la découvrir je vous propose donc de visionner le générique dans lequel on voit la démission, le kidnapping et le réveil du Prisonnier dans le mystérieux village .
The Prisoner*#2 Opening Sequence HD [1.85x1]
Bien sûr au premier abord la série semble complètement datée. On sourit devant la profusion de gadgets emblématiques des années 60 et 70 , l'obsession pour les expériences scientifiques sur le cerveau , la personnalité et les techniques de suggestion mentale, la domotique etc etc...
Mais à bien y réfléchir, au delà de son aspect kitschissime, la série ne serait-elle pas résolument moderne ?
Car le village est bel et bien un cauchemar, un univers carcéral sans barrière apparente qui ressemble à une cage dorée où la liberté n'est qu'illusoire. L'homme y est victime d'un système absurde dans lequel il est constamment surveillé à la manière d'un Big Brother façon 1984. Pour survivre il doit éviter de tomber dans les pièges qu'on lui tend sans relâche et ne peut compter que sur lui même car il ne peut faire confiance à personne.
Le prisonnier, c'est l'histoire d'une guerre physique et psychologique entre un individu et un système totalitaire. Un individu qui va refuser d'être fiché, classé et de perdre son identité. Et je ne peux qu'être d'accord avec ça....
A retenir et à faire siennes, ces quelques phrases prononcées par le prisonnier :
"I will not be pushed, filed, stamped, indexed, briefed, debriefed or numbered ! My life is my own ! I am not a number, I am a free man !
Be seeing you ,
Marie *