Suivez le fil
Dans un méandre de la Seine, se niche une ville aux maisons de brique rouge, entourée de forêts séculaires, et dont la renommée s'étendait autrefois bien au delà des frontières de la France.
Mon premier contact avec cette ville a eu lieu il y a fort longtemps dans le livre d'Emile Zola "Au bonheur des dames "
"Ils aperçurent une enseigne verte, dont les lettres jaunes déteignaient sous la pluie : Au Vieil Elbeuf, draps et flanelles, Baudu, successeur de Hauchecorne...... la boutique du rez de chaussée, écrasée de plafond, surmontée d'un entresol très bas, aux baies de prison, en demi-lune ."
Un contact peu engageant il faut bien le reconnaître ! Alors, lorsque des années plus tard, pour des raisons professionnelles, je suis venue y habiter, l'image d'une ville triste et vieille suintant l'humidité s'est imposée à moi.
Et pourtant, malgré les apparences, Elbeuf sur Seine a véritablement un passé glorieux dans le domaine textile. Ancienne manufacture royale pour les draps, cette ville florissante a vu la construction de très grandes fortunes , jusqu'à son déclin après la deuxième guerre mondiale. C'est sur les traces de ce passé que j'ai remonté le fil du temps en visitant ce musée original installé dans l'ancienne usine Blin et Blin où l'on peut découvrir la reconstitution d'une ligne de production....
Elbeuf vu par le peintre Raymond Dendeville
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Histoire de fil...
... nettoyée, cardée, étirée, torsadée la laine se prête à tous les caprices de l'homme et se fait fil... file et défile sous nos yeux... suivre le fil rouge...
....du fil de trame au fil de chaîne.....
...se dessine un tissage serré ....
...nouée, dénouée, douce nouée, la toile s'enroule et se déroule...
...pour mieux renouer avec le fil du temps...
... et attendre le dénouement...
Filer, tisser, ourdir, quand les machines s'en mêlent et qu'un nouveau drap se trame...
... toujours couper en suivant le droit fil pour ne pas que s'emmêlent les fils...
... lisse est le fil délié....
... oser la couleur : rouge garance , bleu pastel, bleu de l' indigotier, jaune de la gaude, rouge violet de l'orcanette des teinturiers... recréer un herbier des plantes tinctoriales...
...jusqu'à créer un tableau presque abstrait .
Se demander enfin à quoi servait le numéro 20 ?
Dans ce dédaléen parcours à vocation initiatique, surtout ne jamais perdre le fil !
Mais il faudra encore, il faudra toujours se battre contre le temps qui file....
Cardères utilisées dans l'industrie textile pour peigner le tissu .
Peigner, vérifier, rentrayer, épincetter puis échantillonner, cent fois sur le métier, la toile on remettra....
Les draps d'Elbeuf étaient principalement en laine noire et bleue.
Pour atteindre l'apogée, ne pas craindre de s'exiler,
et ne jamais lâcher le fil d'Ariane qui nous conduira...
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... du fil à l'aiguille...
...car de mes aiguilles à tricoter sont enfin tombées les deux chaussettes torsadées, douces et moelleuses qui sont arrivées juste à temps pour me permettre de braver le froid et la neige ! Des chaussettes dont la réalisation ne m'a pas donné de fil à retordre ! Je vais donc certainement en faire une deuxième paire pour moi ou pour offrir...
La neige s'est amoncellée dans le jardin...
... mais à l'intérieur je profite d 'un bouquet de tulipes blanches .
Mon amie Annabelle est arrivée avec un monceau de coeurs
et c'est donc de tout coeur que je souhaite un très joyeux anniblog à Sandra, l'étoile dans la maison, un blog que j'aime beaucoup.
Un très joyeux troisième anniblog à Françoise de Poésie Marine, une presque voisine. Dans sa boutique vous pouvez trouver des trésors...
et si vous êtes lassés des coeurs, Argile et Barbotine vous propose une pampille de la St Valentin
Merci d'avoir suivi le fil conducteur de mon billet...
je vous retrouve très prochainement pour un spécial "Tags en pagaille ".
M A R I E *
Pour ceux qui aiment l'histoire : Les premiers drapiers se sont installés à Elbeuf vers la fin du 15 ème siècle La ville est devenue manufacture royale en 1667 c'est à dire que les drapiers étaient soumis par le pouvoir royal à un règlement, semblable à un label de nos jours ( par exemple , tisser les draps avec de la laine de Ségovie, plus fine que les autres ) . La révolution a supprimé les manufactures et rendu leur liberté aux tisserands. Les drapiers achetaient la laine et la donnaient à filer à des indépendants ( pêcheurs de Seine, paysans... ) . Les fils revenaient ensuite en ville pour être confiés à des tisserands. Au 19ème siècle, l'évolution de l'organisation du travail a modifié la ville. Bonaparte de passage dans la ville dit " Elbeuf est comme une ruche , tout le monde y travaille " Des usines intégrantes sont construites. Elles regroupent les différentes étapes de la fabrication . - Le filage : après un long voyage, les laines qui viennent de l'étranger sont nettoyées, on en enlève le suint. Elles sonts cardées dans des cardeuses puis étirées et torsadées de manière à obtenir un fil . - Le tissage : les fils passent dans un ourdissoir, puis dans un métier à tisser. - Les apprêts : la toile est foulée ( écrasée dans un milieu humide ) puis peignée dans une laineuse qui va lui ôter sa partie feutrée. Des " visiteuses " vérifient enfin que le drap n'a pas de défauts. La "rentrayeuse " rentre les fils et l"épincetteuse lui enlève ses noeuds ".
A la suite de la guerre de 1870, bon nombre de fabricants de laine alsaciens et lorrains choisissent de venir s'installer à Elbeuf et y bâtissent de grandes usines qui deviennent rapidement prospères. Le drap d'Elbeuf était principalement utilisé pour les uniformes de l'armée, pour les tables de billard ( drap vert ) et puis, plus récemment pour l'habillage interne des voitures. De très nombreuses publicités dans des magazines américains attestent du succès du drap produit à Elbeuf.